Le fonds Ardian s’intéresse aux réseaux de SFR pour faciliter la consolidation des télécoms

C’est l’agitation dans le secteur des télécoms. La mise en vente de SFR, tant attendue par ses concurrents, met tout le monde en ébullition. Bouygues et Free sont les plus actifs depuis deux mois. Leurs états-majors ont réuni banquiers et avocats pour éplucher les comptes de SFR et échafauder des schémas d’acquisition.
D’autres acteurs entrent dans le jeu: des fonds d’investissement, au premier rang desquels Ardian. Selon plusieurs sources, le fonds français étudie une reprise des réseaux de SFR. Son idée est de s’associer au repreneur pour récupérer tout ou partie des infrastructures fixe et mobile.
Ce scénario, pour le moment théorique, a l’avantage de se combiner avec la stratégie des opérateurs.
"Bouygues et Free n’ont pas les moyens de racheter tout SFR, justifie une source proche du dossier. Ils ne regardent que les abonnés, les marques et les fréquences."
La stratégie d’Ardian est de s’adosser à l’un des deux opérateurs pour acheter SFR ensemble.
Potentielle alliance avec Bouygues?
Selon plusieurs sources, le fonds a déjà engagé des discussions avec Bouygues, sans que cela ne débouche sur des négociations. Plusieurs options existent, selon que Bouygues Telecom conserverait une partie de son réseau mobile qu’il partage avec SFR depuis 10 ans.
"Ardian peut racheter l’ossature de l’infrastructure Internet, mais aussi le réseau de fibre jusqu’au pied des immeubles, voire une partie du réseau mobile", décrypte un bon connaisseur du dossier.
Le fonds d’investissement est déjà sur les rangs pour racheter à SFR sa filiale XP Fibre qui déploie la fibre optique dans les foyers et les communes. Contactés, SFR, Bouygues et Ardian n’ont pas souhaité commenter nos informations. Mais le fonds français rappelle qu’il a déjà racheté les réseaux fixe et mobile de l’opérateur islandais Siminn, en 2021.
Pour Bouygues Telecom, la revente du réseau fixe de SFR à Ardian lui permettrait de financer en partie cette gigantesque opération. Patrick Drahi demande 30 milliards d’euros, dont la moitié de dette, pour son opérateur.
Faciliter le feu vert de l’Autorité de la concurrence
Un tel schéma offrirait aussi une solution clé pour décrocher l’indispensable feu vert de l’Autorité de la concurrence. Son président, Benoit Coeuré, s’était montré ouvert à "discuter des projets industriels", fin avril sur BFM Business. Selon un de ses proches, il est favorable à maintenir la concurrence par les infrastructures comme cela a été fait en Grande-Bretagne lors de la fusion entre Vodafone et Three l’an passé.
"Ardian serait un exploitant de réseau indépendant des opérateurs et capable d’en accueillir d’autres pour relancer la concurrence si besoin, décrypte un connaisseur du dossier.
C’est d’ailleurs ce que font Orange et Vodafone en Espagne en mutualisant leurs réseaux fibre. Le fonds KKR est candidat à en devenir actionnaire après avoir repris le réseau national fixe de Telecom Italia.
Selon plusieurs sources, le fonds américain tente la même stratégie qu’Ardian et se serait rapproché d’Iliad, la maison-mère de Free. Une alliance logique puisque son propriétaire, Xavier Niel, est administrateur de KKR depuis 2018. Contacté, il ne nous a pas répondu. Enfin, le fonds américain GIP, spécialisé dans les infrastructures, regarderait aussi le dossier SFR.