Le fabricant d'espadrilles Payote veut fabriquer un million de paires par an à Perpignan

Le grand retour des espadrilles: dans le sud de la France, à Perpignan, Payote croule sous les demandes pour ses chaussures en toile "made in France". L'entreprise catalane a enregistré trois millions de commandes en 2022, bien loin des 80.000 paires qu'elle fabriquait habituellement chaque année.
"C'est un produit emblématique, qui plaît aussi beaucoup à l'étranger", se réjouit son président Olivier Gelly, qui a créé l'entreprise sept ans plus tôt. Faute de pouvoir répondre à toutes les sollicitations, Payote n'a pour l'instant pu ouvrir que deux boutiques, à Perpignan et à Toulouse.
"La fabrication française s'est perdue, car les ateliers ont été cassé" par l'importation d'espadrilles à bas prix, souligne Olivier Gelly, qui s'est fixé une "mission de relocalisation".

Car l'objectif pour Payote est désormais de faire passer la production à l'échelle supérieure. L'entreprise veut monter sa propre usine, capable de sortir un million de paires d'espadrilles chaque année – la fabrication des espadrilles est aujourd'hui réalisée en partenariat avec une entreprise de Mauléon-Licharre, au Pays basque.
Deux millions d'euros, dont 500.000 euros en financement participatif, sont mis sur la table pour faire sortir de terre la nouvelle usine de 2500 m², qui sera construite à l'arrière de la boutique perpignanaise d'ici la fin de l'année 2024.
Escape game et jeux virtuels
Payote, surtout, compte ouvrir son usine au public. Un parc d'attractions dédié à l'espadrille, en quelque sorte. À l'intérieur du site, on pourra trouver un atelier pour fabriquer ses propres chaussures, des jeux virtuels, une salle de cinéma ou encore un escape game.
"Nos clients adorent voir les coulisses, nous avons énormément de demandes de visite de notre atelier de prototypage", ce qui a donné à la jeune entreprise l'idée de miser sur le tourisme industriel, explique Olivier Gelly, qui vise notamment les écoles et les séminaires d'entreprise.
Environ 80 emplois devraient être créés. L'usine sera chargée de l'assemblage des différentes parties de la chaussure, la fabrication des matières premières n'étant pas réalisée par l'entreprise elle-même. "Nous essayons de rapatrier au plus proche tout ce qu'il est possible de faire", précise Olivier Gelly. Le fil et les galons sont français, la toile est française, italienne ou espagnole, le marc de raisin (un simili-cuir) est aussi italien, tandis que la jute de la semelle vient du Bangladesh, en attendant de trouver une alternative satisfaisante en chanvre français.