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Pourra-t-on produire 2 millions de voitures électriques avec des batteries "made in France" en 2030?

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Emmanuel Macron a fixé l'objectif de pouvoir produire dans l'Hexagone deux millions de voitures électriques avec des batteries "made in France" d'ici 2030. Un premier cap a été franchi ce mardi avec l'inauguration de la première gigafactory française.

Automotive Cells Company (ACC) a gagné son pari. Le projet de gigafactory bâti en commun par Stellantis, TotalEnergies et Mercedes n'aura pas mis plus de trois ans à voir le jour. Le délai de construction de la première usine de production de batteries a donc été respecté. Et on peut désormais espérer que ce sera le cas pour les trois autres projets d’usines de construction de batteries électriques programmés dans l’Hexagone et plus précisément dans la région Hauts-de-France.

Car la première gigafactory inaugurée ce mardi dans les Hauts-de-France n’est en fait que la première pierre d’un pari industriel ambitieux réaffirmé au Mondial de l'automobile par Emmanuel Macron: être en capacité de produire en 2030 deux millions de voitures électriques avec des batteries made in France.

Un demi-million de batteries "made in France" produites en 2025

Pour atteindre cet objectif, la France compte pour le moment sur le japonais Envision qui a prévu de construire une gigafactory à Douai, à une trentaine de kilomètres de l’usine d'ACC. Mais aussi sur deux autres projets qui doivent voir le jour à Dunkerque dans le Pas-de-Calais. Le premier est porté par le français Verkor, le deuxième par le taiwanais Prologium.

Mais ces quatre projets suffiront-ils pour gagner ce pari des deux millions de voitures électriques équipées de batteries "made in France"? Presque, du moins si les industriels engagés dans ces projets respectent la montée en puissance qu’ils ont prévu. En 2024, l’addition de ce qui a été annoncé représente une production de batteries suffisante pour équiper presqu’un demi-million de voitures en 2025.

Une gigafactory de Tesla en France?

Mais c’est surtout à partir de 2030 que l’on devrait s’approcher des deux millions puisque la capacité de production prévue pour ces quatre gigafactories atteindrait alors 144 GWh, permettant d'assurer l'assemblage de 1,8 million de voitures électriques. Mais il convient d'utiliser le conditionnel pour au moins deux raisons.

D’abord, parce que d’autres projets peuvent toujours venir s’ajouter. Tesla prévoit par exemple de construire une deuxième gigafactory en Europe après celle de Berlin. Lors de son passage en France début mai, Elon Musk n’a pas dit s’il avait fait son choix. Mais, dans un tweet, il a néanmoins souligné qu’il fallait redoubler d’effort sur le nucléaire et que la France avait pris des mesures intelligentes à cet égard.

Si Tesla optait pour la France ce serait évidemment une bonne nouvelle, mais il peut aussi y en avoir de mauvaises. La France, comme les autres pays d’Europe, est sous la menace permanente du bazooka à subventions qu’a sorti Joe Biden avec son Inflation Reduction Act. La plupart des industriels qui ont prévu des investissements de ce côté-ci de l’Atlantique refont leurs comptes pour voir si, finalement, il n’est pas plus intéressant financièrement d’investir aux Etats-Unis.

Au départ, les Américains avaient du retard sur les Européens. On le voit dans la répartition des capacités de production qui seront effectives l’an prochain. Mais en ouvrant grand leur portefeuille, ils sont en train de rebattre les cartes. Dans les dernières prévisions, on voit déjà qu’ils feront jeu égal avec l’Europe dès 2027. Voilà pourquoi il convient de rester prudent.

Pierre Kupferman
https://twitter.com/PierreKupferman Pierre Kupferman Rédacteur en chef BFM Éco