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"La maison est en feu et on demande un effort aux pompiers": le patron de Bpifrance ne veut pas que les entreprises soient des boucs émissaires

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Dans La Tribune Dimanche, Nicolas Dufourcq dit entendre les questions de justice fiscale mais estime que les entreprises ne doivent pas être une cible.

Les entreprises sont dans l'oeil du cyclone. L'opinion publique ainsi que les partis d'opposition estiment qu'elles doivent plus participer à l'effort national pour réduire les déficits. A travers la fiscalité, grâce par exemple à la très clivante taxe Zucman ou encore en baissant le niveau des aides publiques, très critiquées actuellement.

Dans un entretien à La Tribune Dimanche, Nicolas Dufourcq, directeur général de Bpifrance, estime qu'on se trompe de cible.

Les entrepreneurs "sont la solution aux problèmes de la France. Les entrepreneurs ne bénéficient pas de la richesse créée par d'autres. Au contraire: ce sont eux qui la créent, pour qu'elle soit ensuite redistribuée. Mais tout se passe comme si la maison était en feu et que l'on demandait un effort aux pompiers !", alerte-t-il.

"Il faut au contraire accompagner les entrepreneurs. Les aimer. Les respecter. Bien sûr que des sujets de justice fiscale existent. Comme toujours dans des sociétés complexes. Et la France ne peut être comparée aux États-Unis, où il y a effectivement une explosion des inégalités de revenus - et pas seulement du patrimoine - dans des proportions très importantes. Ici, les études de l'Insee le démontrent de façon très claire, les inégalités n'augmentent pas. Grâce à un État-providence qui parvient à redistribuer 60 % du PIB. Le débat actuel est incompréhensible", ajoute le dirigeant.

"Les efforts se situent dans la réduction des dépenses"

Nicolas Dufourcq dit néanmoins entendre les questions de justice fiscale. "Dire "c'est d'abord aux entreprises de payer" n'a pas de sens. Les entrepreneurs n'ont jamais été hostiles à l'idée de faire des efforts. À condition que tout le monde en fasse. Et que ces efforts soient utiles. On leur avait dit en 1996, lors du déplafonnement de l'ISF - une mesure qui s'est avérée catastrophique pour l'économie française - que c'était nécessaire pour stabiliser la dépense publique. Il n'en a rien été. La dette continue de galoper, contrairement à son évolution dans les autres pays européens, qui sont pour la plupart parvenus à juguler l'évolution de leur dette. Les efforts à accomplir se situent donc dans la réduction des dépenses, pas dans la taxation abusive des entrepreneurs".

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Rappelons que le responsable a vertement critiqué sur RMC l'idée d'imposer une taxe Zucman en France, regrettant un "truc absurde". "Ça panique les entrepreneurs: ils ont construit leur boîte et on vient leur expliquer qu'on va leur en prendre 2% tous les ans. Pourquoi pas 3? Pourquoi pas 4? C'est invraisemblable! (...) C'est délirant, c'est communiste en réalité, comment est-ce qu'on peut encore sortir des énormités comme ça en France!?"

Olivier Chicheportiche Journaliste BFM Business