L'usine d'Arkema près de Lyon est visée par une plainte sur les "polluants éternels"

Plus d'une quarantaine d'associations et personnes physiques ont annoncé lundi à Lyon avoir saisi la justice pour obtenir une étude des risques sanitaires liés aux "polluants éternels" PFAS, utilisés par l'usine Arkema au sud de Lyon et des sanctions contre l'industriel.
Au total, 37 habitants vivant autour de la "vallée de la chimie", dont les représentants de 16 enfants, ainsi que 10 associations et syndicats, ont saisi le tribunal judiciaire de Lyon le 25 mai dans le cadre d'un "référé pénal environnemental".
Un "cancer des testicules chez un enfant de moins de deux ans"
Certains plaignants souffrent de "perturbations endocriniennes", avec aussi un "cancer des testicules chez un enfant de moins de deux ans", des maladies potentiellement liées au PFAS, a indiqué l'avocate Louise Tschanz.
Le parquet doit examiner la recevabilité des requêtes, avant de les transmettre le cas échéant au juge des libertés et de la détention, qui aura ensuite 48 heures pour prendre une décision.
Dans un communiqué, Arkema a indiqué qu'elle n'était pas "en mesure" de commenter ces requêtes, car elle n'en a "pas à ce jour reçu communication".
Mais "le site de Pierre-Bénite respecte toutes les réglementations quant à ses rejets industriels et est régulièrement contrôlé par les autorités", insiste l'entreprise, affirmant que le site "ne fait l'objet d'aucun arrêté de mise en demeure à ce jour".
"La colère des riverains n'a cessé de monter"
"La colère des riverains n'a cessé de monter" depuis la diffusion en mai 2022 d'un documentaire sur France 2 alertant sur une forte pollution à ces substances autour du site d'Arkema à Pierre-Bénite (Rhône), a expliqué devant la presse Camille Panisset, responsable locale de l'association environnementale Notre affaire à tous.
L'association est à l'origine de l'action contre Arkema, rejointe par d'autres, comme Alternatiba, la FSU, différents groupes de riverains ou d'agriculteurs.
Il s'agit notamment d'obtenir des prises de sang et des analyses "payée par Arkema" sur le lait maternel ou les denrées alimentaires de producteurs bio et non-bio pour évaluer une contamination qui "aurait pu être évitée", a insisté Mme Panisset.
Pour un documentaire diffusé lundi, France 3 Auvergne-Rhône-Alpes a demandé 10 prélèvement sanguins à de riverains volontaires, les analyses d'un laboratoire de Liège révélant une très forte présence de deux PFAS.
Selon France 3, Arkema a également procédé à des analyses d'imprégnation en PFAS sur ses propres salariés depuis le début des années 2000. Elles démontrent qu'en 2022 le niveau dans le sang de l'un des PFAS visés reste de 17 fois supérieur à la moyenne nationale, alors que l'entreprise a stoppé son utilisation en 2016.
Les plaignants réclament également à Arkema "l'arrêt immédiat de ses rejets aqueux contenant des PFAS à 1 kilo par mois".
Un arrêté préfectoral de 2022 a enjoint Arkema l'arrêt de l'utilisation de PFAS à fin 2024. L'industriel a depuis installé une station de filtration permettant de réduire drastiquement ces rejets, mais les plaignants demandent que l'eau soit aussi traitée avant son utilisation.