INFO BFM BUSINESS. L'examen de l'offre de reprise de Carmat reporté au 30 septembre, frustration pour les salariés

Encore un mois et demi de patience. Voilà le délai d'attente avant de connaître le sort réservé à Carmat, le fleuron français du coeur artificiel, en proie à d'importantes difficultés financières. Alors que le tribunal de commerce de Versailles devait se prononcer ce mardi 19 août sur la seule offre de reprise qui a été déposée pour sauver le fabricant du coeur Aeson, l'audience a finalement été reportée au 30 septembre, selon nos informations.
Ce report génère de la frustration parmi les salariés, qui avaient un petit espoir d'être repris en cas de validation de l'offre par le tribunal de commerce.
"L'ambiance est morose, beaucoup de salariés attendaient cette date du 19 août pour connaître l'issue", témoigne une source proche du dossier auprès de BFM Business.
Et pour cause, l'offre de reprise déposée par Pierre Bastid, l'actuel président du conseil d'administration de Carmat, que BFM Business a consultée, promet de reprendre tous les contrats nécessaires à la poursuite de l'activité de l'entreprise, soit 138 salariés au total.
Une offre à 1 million d'euros
Ce report n'est toutefois pas vu d'un mauvais oeil par Stéphane Piat, PDG de Carmat: "Pierre Bastid l'a demandé afin de finaliser son offre de reprise. Il a donc prolongé la vie de l'entreprise à ses frais. C'est donc une très bonne nouvelle que cela ait été accepté", indique-t-il à BFM Business. Pour financer les activités de Carmat jusqu'à l'audience reportée au 30 septembre, le repreneur a en effet apporté sans délai la somme de 1,3 million d'euros.
"Il y a encore des capitalistes en France capables de soutenir des projets ambitieux et importants pour la société", se réjouit-il.
Ancien patron de Schneider, Valeo et Thomson, arrivé à la tête du conseil d'administration en juin 2024 et déjà détenteur de 20% de l'entreprise, Pierre Bastid semble très motivé à sauver Carmat. Il met en effet sur la table 1 million d'euros pour reprendre ce fabricant français de coeurs artificiels par le biais de sa société familiale belge. Mais en plus du prix de rachat, il s'engage à apporter 150 millions d'euros sur cinq ans, dont 40 millions d'ici janvier prochain.
Pour financer le rachat de Carmat, Pierre Bastid vient même de mettre en vente un actif immobilier de prestige à New York, estimé à 76 millions de dollars.
Risque de liquidation
Pour rappel, l'entreprise créée en 2008 et entrée en Bourse depuis 2010 avait demandé son placement en redressement judiciaire au début de l'été. Une décision prise à contre-coeur par ce symbole de l'innovation médicale française, en défaut de paiement après avoir échoué à rassembler les fonds nécessaires pour payer ses créanciers.
Si le juge prononce la liquidation en septembre prochain, alors il signera l'arrêt des coeurs artificiels les plus prometteurs au monde. La seule offre de reprise qui a été déposée avant la date butoir fixée au 31 juillet est en effet l'unique chance de sauver les 30 ans de recherche et le demi-milliard d'euro investi dans la transplantation cardiaque.
Une nouvelle version du coeur en développement
En revanche, si le tribunal valide l'offre déposée par Pierre Bastid, la partie sera encore loin d'être gagnée. Car l'offre devra également être approuvée par le ministère de l'Économie avant d'être entérinée. En effet, Carmat officie dans le secteur stratégique de la santé publique et serait alors reprise par une société étrangère, en l'occurrence belge, ce qui nécessite l'aval du gouvernement.
Il n'empêche que pour remettre Carmat sur pieds, la solution la plus pérenne serait de transplanter pas moins de 500 coeurs par an. Mais avec seulement 42 opérations l'année dernière, et 16 au premier trimestre 2025, l'entreprise française est encore loin d'être rentable. Une nouvelle version du coeur est en développement et Pierre Bastid promet d'augmenter de 15 à 20% le prix, aujourd'hui à 167.000 euros en moyenne.