INFO BFM Business. L’ancien PDG d’Orange Stéphane Richard en lice pour diriger Suez

Le duel pour la direction de Suez oppose un poids lourd du monde économique et un jeune patron. Depuis le début de l’année, le groupe de gestion d’eau et de déchet a lancé un processus de sélection de son futur patron après l'éviction de Sabrina Soussan, en fin d’année dernière. Selon plusieurs sources proches du dossier, deux profils ont déjà été sélectionnés: Stéphane Richard, l’ancien PDG d’Orange, et Yann Leriche, l’actuel directeur général de Getlink, opérateur du tunnel sous la Manche.
Stéphane Richard a dirigé Orange pendant 13 ans et officie aujourd’hui comme associé au sein de la banque d’affaires Perella Weinberg. Il a l’avantage de bien connaitre les élus locaux qui délèguent des contrats à Suez, depuis ses débuts à la Compagnie générale des eaux, ex-Veolia, puis chez Orange. L’année dernière, il avait été approché pour la direction d’Atos par les deux principaux candidats à sa reprise, Daniel Kretinsky et David Layani.
Stéphane Richard profite d’une bonne image "sociale" auprès des syndicats, pour avoir ramené le calme après la vague des suicides chez Orange. Son âge, 63 ans, en revanche, le limite à un seul mandat de 4 ou 5 ans.
Une série de dirigeants approchés
En face, Yann Leriche est jeune, 47 ans, et polytechnicien. Il a débuté sa carrière chez Transdev, l’opérateur de transport public qui était dans le giron du rival de Suez, Veolia. Il dirige Getlink depuis 2020. Contacté, son entourage précise qu’il "n’est pas candidat" mais ne dément pas avoir été sollicité. Selon nos informations, le cabinet de recrutement Egon Zehnder, qui pilote le processus, avait déjà placé Yann Leriche chez Getlink…
Des entretiens ont commencé et vont se poursuivre d’ici la fin du mois avec les actionnaires de Suez: les fonds français Meridiam (40%), l’américain GIP (40%) et la Caisse des dépôts (20%). "Le jeu est plus ouvert", précise l’un deux. Au point qu’un troisième homme aurait été "repêché", ajoute un autre.
Quelques-uns sont régulièrement cités comme celui de Laurent Guillot, directeur général d’Emeis, ex-Orpea, dont l’entourage dément la candidature. Ou encore Philippe Maillard, ancien numéro deux de Suez qui avait postulé à la direction de Suez en 2018. Ces derniers jours circulait le nom de Bruno Bensasson, ancien dirigeant des activités énergies renouvelables d’Engie et EDF, qui est poussé par l’ancien président de Suez, Gérard Mestrallet.
Officiellement, le recrutement vise un poste de "directeur général". Chez Suez, il se murmure que l’actuel PDG par intérim, Thierry Déau, patron de Méridiam, souhaiterait conserver la présidence. Mais selon plusieurs sources proches du groupe, les deux autres actionnaires, le fonds américain GIP et la Caisse des Dépôts "ne le souhaitent pas".
Réduction des coûts ou cessions d'actifs?
Ces deux profils très différents et l’alternative d’un troisième candidat illustrent la difficulté des actionnaires à s’entendre sur la stratégie à mener. "Meridiam et GIP n’ont pas la même vision", explique un proche des actionnaires de Suez. Le premier a une durée d’investissement très longue et ne pousse pas à une forte restructuration.
"Meridiam veut surtout prendre le contrôle de Suez", précise un proche de l’entreprise.
Quant au fond américain GIP, il préconise une gestion plus financière avec une forte baisse des coûts, notamment dans les activités "Eau". "Cela fait trois ans que cette branche perd de l’argent", note un expert du secteur.
La feuille de route du prochain patron de Suez n’est pas encore définie, ce qui ne facilite pas son recrutement. "Tant que la stratégie n’est pas claire, je ne candidate pas pour le poste", explique un des piliers du secteur de l’environnement, approché par Egon Zehnder.
L’un des enjeux réside dans le futur périmètre de Suez alors que ses actionnaires s’interrogent sur des cessions. Ventes à la marge comme les activités en Chine et en Italie ou quasi-démantèlement en se recentrant sur la France ou sur la branche "Eau"? Des débats qui avaient déjà été soulevés lors de l’OPA de Veolia il y a cinq ans.