Vin: la production française au plus bas depuis 1957

Et si la production viticole était la première à souffrir directement et massivement du dérèglement climatique? Les vignerons des trois grands plus grands pays producteurs, la France, l'Italie et l'Espagne le constatent encore cette année: des épisodes métérologiques toujours plus intenses et nombreux ont fait plongé la production à des niveaux plancher.
Selon l'Organisation internationale de la vigne et du vin (OIV), la production 2021 devrait être "extrêmement faible" à 250 millions d'hectolitres, soit à peine plus que 2017 considérée comme une des pires années pour la filière et 4% de moins que 2020, une année également sous la moyenne.
La filière "affronte un problème bien plus important que la pandémie: le changement climatique", confirme le directeur général de l'OIV, l'Espagnol Pau Roca, lors d'une conférence de presse en ligne.
En Europe, la France a payé le plus lourd tribu avec ces épisodes de gel suivies de redoux brutaux, de sécheresse et de pluies intenses voire de grêle. Sans oublier un épisode de mildiou qui a ravagé les vignes.
La France rétrograde à la 3e place mondiale
Sa production devrait péniblement atteindre 34,2 millions d'hectolitres soit une baisse annuelle de 27%. C'est le niveau le plus bas depuis 1957 souligne l'OIV.
Au final, la France devrait passer de la deuxième à la troisième place mondiale, derrière l'Espagne pour la première fois depuis 2013 et l'Italie.
L’Italie garde sa couronne mondiale avec une production en repli que de 9%. L'Espagne limite également les dégâts avec une baisse de 14% mais un volume supérieur à celui de la France à 35 millions d'hectolitres.
Pour ces trois pays qui représentent 45% de la production mondiale, la perte est évaluée à 22 millions d'hectolitres.
La qualité toujours au rendez-vous
Certains tirent néanmoins leur épingle du jeu. En Europe, l'Allemagne voit sa production augmenter de 4% à 8,8 millions d'hectolitres et conforte sa position de 4e producteur européen. Aux Etats-Unis, la production a bondi de 6% malgré d'intenses épisodes de sécheresse.
Mais ce sont surtout les vins de l'hemispère sud qui vont connaître une production record avec une prévision de 59 millions d'hectolitres en progression de 19%. Le Chili et l'Australie sont particulièrement en forme avec des productions en hausse de 30%.
Reste que le volume ne fait pas tout. Les viticulteurs français assurent que le millesime 2021 sera de haute qualité et la France devrait conserver sa première place dans la valorisation du vin. Mais il n'y en aura peut-être pas pour tous le monde...
Mais une chose est sûre, le dérèglement clmimatique est une réalité et les viticulteurs doivent s'adapter. "Il n'y a pas de vaccin mais il y a des solutions à long terme, qui vont nécessiter de grands efforts en matière de pratiques durables pour la culture de la vigne et l'élaboration du vin. C'est une impérieuse nécessité", prévient Pau Roca.