Uber veut reprendre les tests de voiture autonome

Des Volvo XC90 qu'Uber compte utiliser comme flotte de voitures autonomes. - Uber
Huit mois après l’accident qui a causé la mort d’une piétonne, Elaine Herzberg, percutée par une de ses voitures en Arizona, Uber veut reprendre les tests de voiture autonome. Après avoir publié en fin de semaine dernière un rapport sur les enseignements tirés de cette tragédie, Uber a rempli une candidature auprès du département des Transports de Pennsylvanie pour effectuer des tests à Pittsburgh, souligne la presse américaine. L’objectif d’Uber est double: renforcer la sécurité, afin de reconquérir la confiance du public.
Un rapport très détaillé sur la voiture autonome
Dans son rapport de 70 pages, intitulé "Une approche raisonnée de la sécurité", Uber détaille le fonctionnement aussi bien technique qu’humain, ainsi que la philosophie, derrière son programme de voiture autonome.
"Notre technologie et notre expérience dans le transport nous a préparé à posséder et opérer une flotte de niveau mondial de voitures autonomes, peut-on y lire. Uber a sélectionné une base de véhicules avec un grand nombre de record de sécurité, et de bonnes notes en matière de sécurité passive, via des tests réalisés par des agences indépendantes. […] Le système de conduite autonome doit être capable de détecter et de réagir à une variété d’acteurs et d’objets statiques et dynamiques dans l’environnement routier".
Ce rapport est accessible au grand public, Uber veut jouer la carte de la transparence. Le document détaille ainsi les procédures, qui vont permettre à la voiture de se déplacer seule, de réagir en cas de problème, et comment l’ensemble de la flotte est développée.
Des procédures de tests très sécurisés
Uber a surtout revu la sécurité des tests, afin d’obtenir une nouvelle autorisation. Dans l’accident de mars, le rôle de la superviseure avait clairement été pointée. Elle regardait "The Voice" sur son téléphone, et n’a donc pas pu intervenir quand la voiture n’a pas ralenti devant la piétonne. Le logiciel de conduite autonome avait lui cru à une erreur quand il avait détecté Elaine Herzberg. Les systèmes de sécurité du Volvo XC90 étaient eux désactivés et n’ont pas pu pallier à la défaillance du logiciel Uber.
"Les 'Mission Spécialists' [superviseurs des tests, ndlr] n’ont pas le droit d’utiliser leur mobile quand le véhicule est en circulation, ou arrêté dans le trafic", précise Uber dans son rapport.
Contrevenir à cette nouvelle règle pourra entraîner un licenciement. Uber placera désormais deux superviseurs dans chaque voiture, ces superviseurs seront bien plus formés sur le fonctionnement du véhicule et du système autonome, précise l’agence Associated Press. La Pennsylvanie a jusqu’au 13 novembre pour autoriser Uber à effectuer ses tests. L’Etat interdit cependant tout test sans personne derrière le volant, et exige une vitesse réduite à 25 miles pour les véhicules autonomes.
Les livraisons des 24.000 Volvo débutent en 2019
Les prémices de la reprise des tests étaient apparus fin octobre. Lors de l’annonce de la coopération entre Volvo (propriété du Chinois Geely) et Baidu, pour la mise en place de voitures autonomes, le patron du constructeur suédois Hakan Samuelsson avait confirmé que le partenariat Volvo/Uber était toujours valable. Volvo avait en effet signé un accord en fin novembre 2017 avec Uber pour la livraison de 24.000 XC90. Ces SUV doivent ainsi équiper les flottes de robotaxis d’Uber.
"Le contrat a été décalé dans le temps, car Uber avait stoppé les tests, mais maintenant ce contrat est de nouveau d’actualité, avait expliqué Hakan Samuelsson au Financial Times. Les premiers véhicules doivent être livrés l’année prochaine. La société de transports a fait de la voiture autonome l’un de ses principaux axes de développement dans le futur. Si elle compte mettre en service son propre système de voiture autonome, avec les Volvo, Uber prévoit également d’incorporer dans sa flotte des voitures autonomes développées par d’autres. Comme aujourd’hui il autorise des chauffeurs à travailler pour Uber comme pour d’autres compagnies de VTC en même temps.
Si aucune offre commerciale de voiture sans chauffeur ne s’est pour le moment encore développée, ses concurrents ont pris de l’avance. Waymo, ex-Google car, a reçu l’autorisation de faire rouler en Californie de vrais robotaxis. Waymo débute par ailleurs les tests de paiement des trajets, auprès de ses bêta-testeurs. Volkswagen et Mobileye ont eux annoncés qu’ils lanceront dès l’an prochain un service commercial de voitures autonomes en Israël.