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Sidérurgie : le fleuron allemand Thyssenkrupp ouvre la voie à son démantèlement

Thyssenkrupp ouvre la voie à son démantèlement.

Thyssenkrupp ouvre la voie à son démantèlement. - AFP

Face aux difficultés rencontrées dans le secteur de l'acier, le groupe abandonne sa structure de conglomérat. Et suscite de vives craintes pour l'emploi.

C'est la fin d'un fleuron de l'industrie allemande. Thyssenkrupp a ouvert la voie, ce lundi 26 mai, à son démantèlement dans l'espoir de se relancer face aux difficultés rencontrées, notamment dans l'acier. Le groupe emploie près de 100.000 personnes.

L'abandon de sa structure de conglomérat, devenue obsolète, semblait inéluctable pour Thyssenkrupp, né en 1999 de la fusion du sidérurgiste Krupp, créé en 1812, et du spécialiste des rails Thyssen, créé en 1867. Il incarne aujourd'hui les déboires de l'économie allemande toute entière.

Après deux lourdes pertes annuelles, le groupe veut se métamorphoser en une holding plus "flexible" regroupant plusieurs entreprises séparées, selon un communiqué paru lundi. Concrètement, la direction veut "séparer progressivement tous les secteurs d'activité de Thyssenkrupp", qui regroupent l'acier, les pièces automobiles, les électrolyseurs ou les sous-marins, "et les ouvrir aux investissements tiers".

Le groupe d'Essen "conservera un contrôle total et continuera à participer aux performances futures des entreprises", dont il demeurera actionnaire majoritaire, sauf dans l'acier, promet le patron Miguel Lopez. Le projet a réjoui les investisseurs de la Bourse de Francfort, l'action Thyssenkrupp s'envolant de 8,22% vers 15H00 dans un indice MDax en hausse de 1,61%.

Craintes pour l'emploi

Cette réorganisation laisse craindre de nouvelles suppressions d'emplois, alors que Thyssenkrupp avait annoncé en novembre que 11.000 emplois allaient être supprimés ou externalisés. Selon Bild, le groupe prépare en parallèle une vague de suppressions de postes dans l'administration, qui emploie 1.000 employés, et veut réduire son siège d'Essen de 500 à 100 employés.

Jusqu'ici, le géant de la Ruhr avait répondu aux difficultés avec des projets ciblés de suppressions d'emplois et de ventes de certaines branche, comme dans l'acier. L'an dernier, le milliardaire Daniel Kretinsky est ainsi entré au capital de Thyssenkrupp Steel à hauteur de 20% via sa holding EPCG, avec l'objectif d'acquérir 50% des parts et fonder une coentreprise.

"C'est une situation extrêmement dramatique pour l'ensemble de la chaîne de création de valeur dans l'industrie sidérurgique", a dénoncé Dennis Radtke, un responsable de la CDU, le parti du chancelier Merz.

"Le démantèlement de Thyssenkrupp symbolise le déclin de notre économie", a réagi de son côté sur X la cheffe de l'AfD Alice Weidel, réclamant un "tournant économique" pour le pays. Mi-mai, Thyssenkrupp avait maintenu ses prévisions financières annuelles, avec un retour aux bénéfices entre 100 et 500 millions d'euros, après un deuxième trimestre dans le vert.

PL avec AFP