Médicaments: où en est-on de la relocalisation des principes actifs, promise après le Covid-19?
C'était une des criantes constatations de la pandémie mondiale: l'Europe, et notamment la France, avait largement délocalisée la production des principes actifs de ses médicaments à l'étranger, principalement en Asie.
Ainsi 60% du paracétamol était fabriqué en Chine, tout comme 80% de l'insuline. Face à ce constat, Sanofi avait promis une relocalisation en Europe et annoncé en février 2020 la création d'une nouvelle entité qui regrouperait la production de ses principes actifs. Baptisée Euroapi, cette filiale débute sa cotation en Bourse ce vendredi.
Et pour la France? Interrogé par BFM Business, Bercy fait les comptes: "nous avons rattrapé 80% de notre retard dans les principes actifs essentiels", explique-t-on au ministère.
Retour fragile
Sur les 30 médicaments dont la France a le plus manqué au début de la pandémie, 24 sont en cours de relocalisation. Par exemple, une usine de paracétamol est en cours de construction en Isère. Elle ouvrira ses portes l'an prochain et produira le tiers des volumes de paracétamol en Europe.
D'autres projets vont suivre. D'après Bercy, le plan de relance finance une quarantaine de projets de relocalisations de principes actifs.
Ces investissements sont à rebours des choix faits depuis des années par les fabricants qui ont massivement délocalisé car ces molécules étaient devenues des commodités: elles ne rapportent que quelques centimes d'euros de marge par médicament.
"Leur retour en France est donc fragile" conclut un expert de l'industrie pharmaceutique. "Il faudra trouver un modèle économique pérenne pour une activité à faible valeur ajoutée sur la marge mais à forte valeur ajoutée sur la souveraineté".