Les industries françaises ont encore augmenté leurs dépenses pour protéger l'environnement en 2019

C'est un montant record depuis 2013 qui illustre certainement une prise de conscience. En 2019, les établissements industriels français de 20 salariés ou plus ont consacré 1,7 milliard d’euros à des investissements ou des études pour protéger l’environnement, soit 10% de plus qu’en 2018 (après +11% en 2018), selon les chiffres de l'Insee. Rappelons que ces dépenses avaient baissé en 2016 et 2017.
Ces dépenses sont évidemment plus fréquentes dans les grands groupes: 88% des établissements de 500 salariés ou plus ont engagé de telles dépenses antipollution, contre 24% des établissements de 20 à 49 salariés. Alors qu’ils ne représentent que 3% des établissements, les grandes entreprises concentrent un tiers des dépenses.
Quatre secteurs réalisent 71% des dépenses: l’énergie, l’agroalimentaire, la chimie et la métallurgie. 48% des montants investis visent à protéger l’air ou le climat.
Les investissements pour limiter les gaz à effet de serre ont plus que doublé en 2 ans
Les investissements constituent l’essentiel de la dépense (80%, soit 1,3 milliard d’euros). Ils augmentent pour la deuxième année consécutive (+12% en 2019, après +10% en 2018) après 5 années de baisses entre 2012 et 2017 (de 1,4 milliard en 2012 à 1,1 milliard en 2017).
48% de ces investissements antipollution visent à éviter ou à limiter les effets de l’activité sur la qualité de l’air (328 millions d’euros) ou via les émissions de gaz à effet de serre, sur l’équilibre du climat (311 millions d’euros).
Les investissements pour limiter les gaz à effet de serre ont plus que doublé en deux ans : ils ne représentaient que 119 millions d’euros en 2017. "Depuis 2019, la loi Énergie et Climat oblige les entreprises de plus de 500 salariés à établir un bilan de leurs émissions de gaz à effet de serre et un plan d’action pour réduire leurs émissions", rappelle le statisticien. De plus, dans le cadre de la loi de transition énergétique pour la croissance verte de 2015, la France, tout comme les autres pays européens, s’est fixée comme objectif de diminuer d’au moins 40 % ses émissions d’ici 2030, par rapport au niveau de 1990.
Les autres principales dépenses concernent les eaux usées (212 millions d’euros), les sols (163 millions d’euros) et les sites, les paysages et la biodiversité (145 millions d’euros).
Les émissions de gaz à effet de serre ont diminué de 19% entre 1990 et 2018
Les investissements spécifiques, c’est-à-dire l’achat de matériels entièrement dédiés à la protection de l’environnement, représentent 88% des montants investis. La moitié (590 millions d’euros) sont destinés au prétraitement, au traitement ou à l’élimination de la pollution: ils ont pour objectif de réduire l’impact négatif de l’activité des entreprises sur l’environnement.
Par ailleurs, 38% de ces investissements (445 millions d’euros) ont pour objet de prévenir les pollutions, ce qui traduit une volonté des entreprises d’agir en amont du processus de production.
Reste que pour le moment, le coût de traitement des déchets est équivalent aux investissements et études pour protéger l’environnement, souligne l'Insee.
Les montants consacrés aux études augmentent de leur côté légèrement: +2%, après +15% en 2018. Ils représentent 20% des dépenses et atteignent 338 millions d’euros, soit le niveau le plus élevé depuis 2004.
Les études en prévision d’un investissement augmentent fortement (+23%, 171 millions d’euros). À l’inverse, le montant alloué aux autres études (réglementaires, impact de l’activité sur l’environnement, audits et dossiers d’installations classées pour la protection de l’environnement) diminuent de 13% (167 millions d’euros).
Ces investissements de l'industrie dans la protection de l'environnement portent-ils leurs fruits? D’après les données du Centre interprofessionnel technique d’études de la pollution atmosphérique (Citepa) citées par l'Insee, les émissions de gaz à effet de serre (hors utilisation des terres, changement d’affectation des terres et foresterie, et hors transport international) ont diminué de 19% en France entre 1990 et 2018, passant de 548 à 445 millions de tonnes équivalent CO2 sur la période.