Le Nutella est-il fabriqué avec des noisettes récoltées par des enfants?

La Turquie concentre 70% de la production mondiale de noisettes. - JUSTIN SULLIVAN-GETTY IMAGES NORTH AMERICA-AFP
Après les accusations portant sur l'utilisation massive de l'huile de palme, le Nutella fait l'objet d'une polémique supplémentaire. Ferrero, le fabricant italien de pâte à tartiner est accusé, par la BBC, de ne pas veiller scrupuleusement à ne pas utiliser des noisettes venues d'exploitations turques dans lesquelles des enfants participent à la cueillette.
Ferrero achète à lui seul un tiers de la production de noisettes turques, sachant que la Turquie concentre 70 % de la production mondiale de ces fruits à coques. Elles sont récoltées par plus de 400.000 exploitations souvent petites où la réglementation du travail locale n'est pas toujours respectée. Ainsi l'été, au mois d'août, durant la récolte, ils sont des milliers de travailleurs saisonniers à postuler, mais il s'agit souvent de migrants (sans permis de travail) kurdes ou syriens, peu au fait de leurs droits et de la législation sociale.
Récolter des noisettes, un travail harassant et mal payé
"C'est un travail épuisant, environ 10 heures par jour, sur des pentes si raides qu'il est facile de perdre pied. Et deux des cueilleurs, Mustafa et Mohammed, travaillent illégalement. Ils ont à peine 12 et 10 ans, bien en dessous de l'âge minimum requis pour travailler en Turquie" raconte l'enquête de la BBC.
Le salaire officiel fixé par les autorités locales pour ce travail harassant est de 95 livres turques par jour (environ 15 euros). Rapporté à l'heure de travail, ce montant est inférieur au salaire minimum net officiel turc de 2020 livres par mois pour une semaine de 40 ou 45 heures.
Ferrero a un objectif de 100% de traçabilité en 2020
Sur son site Internet, Ferrero, qui ne produit ni ne vend de noisettes, précise avoir pour objectif d'atteindre d'ici à 2020 une traçabilité de 100% des fruits à coque qu'il utilise pour ses besoins propres, "bien que selon dernier rapport qui doit bientôt être publié, n'atteint que 39% de traçabilité" selon la BBC.
Ferrero se défend d'être peu regardant sur les conditions de travail et de de production dans les exploitations de noisetiers auprès desquels il se fournit. L'industriel italien affirme avoir mis au point un programme de formation au développement durable de petits exploitants, qui inclut aussi l'information sur la réglementation sociale, pour éviter le travail des enfants. Environ 42.000 exploitations ont bénéficié de ce programme, mais ce nombre ne représente que 10% des 400.000 exploitations de noisettes actives en Turquie.
Rarement questionné à ce sujet, Bamsi Akin, directeur général de la société turque Ferrero Hazelnut en Turquie, a toutefois répondu à la BBC: "Si nous choisissons un produit qui s'avère fabriqué avec des pratiques contraires à l'éthique, nous ne le prenons pas. Nous faisons de notre mieux pour améliorer les pratiques sociales avec des formations… Mais le système est-il complètement propre? Je pense que personne ne peut le dire pour le moment" conclut ce dirigeant.