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Le duo Senard-Bolloré pressenti pour remplacer Ghosn chez Renault

Jean-Dominique Senard et Thierry Bolloré

Jean-Dominique Senard et Thierry Bolloré - Montage, photos AFP

L'actuel patron de Michelin, Jean-Dominique Senard, prendrait la présidence du groupe Renault, tandis que Thierry Bolloré assurerait la direction générale. Deux fonctions qu'occupait jusqu'ici Carlos Ghosn.

Renault, prêt à tourner la page Carlos Ghosn. Mercredi dernier, le ministre de l'Economie Bruno le Maire a demandé au groupe français d'organiser un conseil d'administration dans les prochains jours afin de désigner "une nouvelle gouvernance pérenne". 

Une décision attendue en début de semaine

L'État est en effet le premier actionnaire de Renault, avec 15% du capital et 22% des droits de vote. Nissan, qui est à l'origine de l'enquête ayant provoqué l'arrestation de Carlos Ghosn le 19 novembre dernier, en détient 15%, mais sans droits de vote en assemblée générale. Attendu pour ce week-end, ce conseil d'administration devrait finalement avoir lieu en début de semaine, lundi ou mardi, croit savoir WanSquare.

La gouvernance transitoire "fonctionne efficacement" mais "puisque l'indisponibilité du PDG semble devoir durer, nous avons maintenant la responsabilité de prendre des mesures durables", a précisé jeudi soir Philippe Lagayette, administrateur référent de Renault, dans un entretien au Figaro.

Le nom de Jean-Dominique Senard, 66 ans, qui doit passer la main comme patron de Michelin en mai et qui est apprécié du pouvoir politique, est régulièrement cité dans la presse.

 "Jean-Dominique Senard est bien sûr un dirigeant très estimable. Mais nous ferons les choses dans l'ordre et quand nous serons prêts", a poursuivi Philippe Lagayette. Ce sont les organes de gouvernance de Renault qui ont les décisions en main. Qu'il n'y ait pas d'ambiguïté: c'est Renault qui décide de sa gouvernance, pas l'Etat, même si nous travaillons en parfaite harmonie."

Un président et un directeur général

Scénario souvent évoqué: le poste de PDG de Renault pourrait être scindé en deux, avec un président du conseil d'administration d'un côté et un directeur général exécutif de l'autre, le nom de Thierry Bolloré, nommé il y a un an adjoint de Carlos Ghosn, revenant le plus souvent pour ce dernier poste.

Au-delà de Renault, il faudra un successeur à Carlos Ghosn à la tête de l'Alliance Renault-Nissan-Mitsubishi, premier ensemble automobile mondial, incarné par la société Renault-Nissan BV (RNBV) basée aux Pays-Bas. D'après ses statuts, son patron est choisi par Renault.

Un troisième homme pour diriger l'alliance?

On imagine toutefois difficilement qu'une nomination puise intervenir sans que les partenaires japonais soient consultés. Des émissaires du gouvernement français étaient d'ailleurs à Tokyo jeudi pour chercher un consensus.

La nomination d'un troisième homme pour diriger l'alliance est également une option, comme nous l'expliquait récemment Frédéric Fréry, professeur de stratégie à l’ESCP Europe:

"Il ne paraît plus envisageable que les Japonais acceptent que le patron de Renault reste patron de l’Alliance. Nissan va peut-être essayer de placer un Japonais, mais cela semble peu probable du fait du partage actuel du capital. La vraie alternative serait de trouver une personnalité extérieure, ce qui permettrait de ménager les intérêts et les susceptibilités au sein de l’alliance."
Julien Bonnet, avec AFP