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L'ex-patron de Danone Emmanuel Faber se dit victime d'une "campagne ad hominem"

Emmanuel Faber, ex PDG de Danone: "On a vu ainsi les activistes se prévaloir de liens amicaux, d'autres recommander un candidat à la présidence"

Emmanuel Faber, ex PDG de Danone: "On a vu ainsi les activistes se prévaloir de liens amicaux, d'autres recommander un candidat à la présidence" - ERIC PIERMONT © 2019 AFP

Evincé de son poste en mars dernier, Emmanuel Faber estime avoir fait les frais de "divergences" qui ont favorisé le jeu des fonds activistes, "dont la campagne a réciproquement servi le point de vue de certains membres du conseil".

Deux mois après son éviction de Danone, Emmanuel Faber, ancien PDG du groupe d'agro alimentaire, ne décolère pas et n'épargne pas ceux qui ont eu sa tête. Dans un entretien aux Echos, il se dit victime d'une guerre intestine et son limogeage serait "du théâtre".

"La crise a créé des tensions et des divergences de vues. Deux visions se sont opposées : l'une en faveur de la poursuite et même de l'accélération de la transformation de Danone, de la mise en oeuvre du plan 'Local first', et l'autre privilégiant une forme de retour en arrière reposant sur les recettes d'un passé ancien", explique Emmanuel Faber.

L'ancien dirigeant estime que ces "divergences ont favorisé le jeu des (fonds) activistes, dont la campagne a réciproquement servi le point de vue de certains membres du conseil". Deux fonds activistes, Bluebell Capital et Artisan Partners, étaient monté au capital de Danone pour réclamer un changement de gouvernance puis le départ d'Emmanuel Faber.

"On a vu ainsi les activistes se prévaloir de liens amicaux, d'autres recommander un candidat à la présidence. Après des mois de campagne ad hominem, j'ai donc souhaité que le conseil statue formellement et qu'on sorte des faux-semblants", raconte Emmanuel Faber.

Mission ou profit?

Quant à l'accusation qui lui a été faite d'avoir favorisé la "mission" au-delà de la recherche pure du profit, il estime que ces deux axes ne sont pas incompatibles.

"Une entreprise est un projet de transformation du réel. (...) Les grandes entreprises françaises d'aujourd'hui sont nées d'intuitions de familles et d'entrepreneurs, qui correspondaient à l'émergence des classes moyennes: l'utopie des vacances pour tous, du voyage, de la démocratisation de la consommation, etc.", indique Emmanuel Faber.

L'ancien patron a tenu aussi à défendre son bilan à la tête de l'entreprise.

"Quand, en 2020, Danone gagne 20 places dans le classement des entreprises préférées des jeunes diplômés, ce n'est pas sans lien avec les valeurs et la mission incarnées, cela s'explique par le projet que nous avons formulé, par le sens que nous donnons à notre action. (...) Je suis entré chez Danone séduit par le discours d'Antoine Riboud et parce qu'en rencontrant Franck, je me suis dit que nous pouvions construire autrement".

Enfin, Emmanuel Faber rappelle qu'au cours des cinq dernières années, le groupe Danone a enregistré une croissance de 50% de son bénéfice par action. "J'ai été très clair dès le début du Covid pour dire qu'il y aurait un avant et un après".

Sur l'ensemble de 2020, le chiffre d'affaires a reculé de 1,5% en données comparables, à 23,62 milliards d'euros, et la marge opérationnelle courante est tombée à 14%, contre 15,2% en 2019. Le résultat net courant a reculé de 13% à 2,19 milliards d'euros.

Pascal Samama
https://twitter.com/PascalSamama Pascal Samama Journaliste BFM Éco