BFM Business
Industries

Hier enfouis, les déchets de pièces d'avion retrouvent une seconde vie grâce à une start-up française

Jusqu'à présent, les déchets de composites à base de fibres de carbone issus de l'aéronautique sont soit enfouis, soit incinérés. Fairmat les transforme en un nouveau matériau et multiplie les contrats avec l'industrie.

Le recyclage et la valorisation de composants de pièces d'avions n'est clairement pas optimale. Très peu de solutions existent en effet pour traiter les 62.000 tonnes de déchets de composites à base de fibre de carbone (que l'on trouve également dans les pales d’éoliennes) produites dans le monde chaque année.

Ces déchets sont soit issus des chutes de production lors de la fabrication de certaines pièces, soit des déchets de pièces d'avions en fin de vie qui partent au démantèlement.

En France, le volume de ces déchets est estimé à 2500 tonnes à l'horizon 2025 contre 500 tonnes aujourd'hui. Ces déchets sont jusqu'à présent ni triées, ni valorisées mais envoyées en enfouissement ou incinérés.

Une usine en France

Une situation qui pourrait changer grâce à l'innovation d'une start-up française, Fairmat, créée il y a un an, et qui a mis au point un procédé technologique de recyclage vertueux permettant ainsi de donner une deuxième vie à ce matériau à haute valeur ajoutée.

Techniquement, le carbone et la résine sont principalement traités à froid ce qui permet d’économiser 41 kilos d'émissions de CO2 par kilo de composite carbone recyclé, avance la start-up. Elle vise une capacité de 5000 tonnes de matériaux recyclés annuellement dans son premier site de production localisée à Bouguenais (44).

Mais le plus intéressant est que ce recyclage débouche sur la création d'un nouveau matériau, également appelé Fairmat, "écologique, léger, solide et conçu pour être utilisé dans la quasi-totalité des industries", et/ou réutilisé dans l'aéronautique, détaille l'entreprise française.

"Il pourra être réutilisé pour fabriquer des pièces dites non structurantes dans l’aéronautique comme les planchers ou les galleys (les meubles de plateaux-repas) des avions, les tableaux de bord des voitures et répondre aux besoins de nouveaux marchés, notamment l’ameublement, la construction, l’électronique grand public, la logistique, la mobilité douce", nous explique l'entreprise.
Le Fairmat est un matériau issu du recyclage de pièces de fibres de carbone composites aéronautique
Le Fairmat est un matériau issu du recyclage de pièces de fibres de carbone composites aéronautique © Alexandra de Cossette

L'approche séduit certains acteurs de l'industrie aéronautique. Fairmat va ainsi annoncer un accord de R&D avec Dassault Aviation concernant une étude de faisabilité de la recyclabilité des sous-produits de fabrication, des éléments composites issus du site français de ce dernier. La restitution a eu lieu en fin d'année 2021. Les prochaines étapes sont en cours pour passer à la phase industrielle.

Accord avec Dassault Aviation

Fairmat a également passé un partenariat de R&D avec Tarmac Aerosave, l’un des leaders européens dans le recyclage des avions en fin de vie.

Dans le cadre de ce partenariat, une partie des pièces d’avion en fin de vie contenant des composites à base de fibre de carbone traitées par Tarmac Aerosave seront récupérées par Fairmat qui analysera ensuite leur compatibilité avec son procédé industriel.

"En cas de succès, un accord commercial portant sur la reprise industrielle de l’ensemble des pièces en fibres de carbone composites sera signé avec l’entreprise", explique-t-on.

Déchets de l'A350

Tout comme avec Duqueine Group, spécialisé dans la conception et la fabrication de pièces et sous-ensembles en matériaux composites dans les secteurs de l’aéronautique, de l’industrie et des sports & loisirs.

La start-up devrait collecter environ 15 tonnes de déchets par an sur les sites Duqueine de Massieux et de Civrieux (69), en particulier ceux issus du détourage, ainsi que la matière "crue" notamment celles utilisées dans la fabrication des Airbus A350.

Ce partenariat "nous permet d’assurer un débouché durable à nos déchets de production, et de participer à l’effort commun pour développer l’économie circulaire dans l’industrie" commente Stéphanie Burgun, Directrice Générale de Duqueine.

Olivier Chicheportiche Journaliste BFM Business