En attendant ses sous-marins nucléaires, l'Australie hésite entre réparer ou racheter des sous-marins conventionnels

L'Australie est dans un dilemme pour préserver ses capacités de défense navales en indopacifique - Naval Group
Les Australiens auront-ils un jour les sous-marins nucléaires dont ils rêvent? Oui, mais pas avant de longues années, mais aussi, ce changement de braquet risque de coûter très cher. Le contrat n'est pas signé et Canberra n'a pas encore décidé s'il le sera avec les Etats-Unis ou le Royaume-Uni. Au plus tôt -et si tout se passe pour le mieux- les livraisons ne pourraient démarrer qu'en 2040, soit bien après la mise à la retraite des six sous-marins de la classe Collins actuellement en service.
L'Australie cherche désormais une solution pour ne pas se retrouver sans défense navale pendant quelques années. Plusieurs pistes sont envisagées indique le Financial Review. Le gouvernement voulait d'abord louer un sous-marin à propulsion nucléaire britannique ou américain jusqu'à la livraison du premier des nouveaux bateaux. Cette piste a été écarté car ni les Etats-Unis, ni le Royaume Uni ne peuvent se permettre d'appauvrir leur flotte.
Un groupe de travail
Pour atteindre 2038, les Australiens envisageait de prolonger de 10 ans leurs submersibles en espérant que les nouveaux modèles seront livrés en temps et en heure. Mais des experts signalent que la mise à niveau de navires en fin de vie ne coûterait pas beaucoup moins cher que l'achat de sous-marins de classe Collins neufs.
"Construire un nouveau sous-marin de classe Collins donnerait plus de capacités et garderait la main-d'œuvre à Adélaïde. On ne peut demander à un sous-marin de 40 ans à faire des choses pour lesquelles il n'a pas été conçu", a déclaré une source au site.
Un groupe de travail a été créé pour évaluer la meilleure piste, mais les choses ne seront pas simples quelle que soit l'option. La mise à niveau des Collins nécessiterait un investissement de 4,3 et 6,4 milliards de dollars, selon Marcus Hellyer, analyste de l'Australian Strategic Policy Institute et signalant qu'il sera difficile de trouver des composants compatibles, les fournisseurs ayant arrêté de les produire.
Canberra dans "une mauvaise situation"
La piste d'une commande de nouveaux sous-marins conventionnels pourrait être privilégiée d'autant que selon des experts, elle permettrait d'assurer des commandes aux entreprises locales pénalisées par l'annulation du programme de sous-marins français. Face à ce dilemme, Marcus Hellyer estime que Canberra est "dans une mauvaise situation".
Cette hausse des dépenses va-t-elle contraindre les Australiens à commander moins de sous-marins que les 12 initialement prévus dans l'accord avec Naval Group tout en demandant aux Américains ou aux Britanniques de l'aider à veiller "provisoirement" sur son territoire maritime en s'appuyant sur le pacte Aukus? Ce serait au final un coup porté à la souveraineté de défense de l'Australie.
En attendant, le gouvernement australien veut ne pas perdre de temps pour ses modèles nucléaires. Le ministre de la Défense Peter Dutton a signé avec les diplomates britannique et américain un accord autorisant l'échange d'"informations sur la propulsion nucléaire navale" entre leurs pays. Il s'agit du premier accord signé et rendu public depuis l'annonce en septembre par les trois pays du pacte Aukus, la nouvelle alliance de défense des trois pays en indopacifique.
