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Coup de frein sur le passage au tout-électrique? Bruxelles promet de réexaminer "le plus tôt possible" l'interdiction prévue en 2035 des véhicules thermiques

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Poussée par les constructeurs européens, la Commission européenne a annoncé un réexamen plus tôt que prévu de la mesure visant à interdire les véhicules à moteur thermique d'ici 2035.

La Commission européenne a annoncé lors d'une réunion avec les dirigeants de l'industrie automobile qu'elle allait réexaminer "le plus tôt possible" l'interdiction prévue en 2035 des véhicules à moteur thermique dans l'UE, selon l'entourage du commissaire Stéphane Séjourné. Les textes actuels prévoient un réexamen de cette mesure en 2026, mais les industriels poussaient pour un calendrier accéléré, dans l'espoir d'obtenir des assouplissements face aux difficultés que traverse leur secteur.

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La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, réunissait ce vendredi matin à Bruxelles les dirigeants de l'industrie automobile pour échanger sur l'avenir d'un secteur qui appelle à revoir ce totem environnemental. Des images diffusées par l'exécutif européen l'ont montrée aux côtés des grands patrons du secteur - François Provost (Renault), John Elkann (Stellantis), Oliver Zipse (BMW) ou encore Ola Källenius (Mercedes-Benz) - et de plusieurs commissaires européens dont Stéphane Séjourné, chargé de la Prospérité et de la stratégie industrielle.

Des règles "trop rigides"

Le but de cet exercice "n'était pas juste d'avoir des discussions, mais aussi de donner l'occasion à la Commission européenne de tenir l'industrie au courant de ce qu'elle va faire", avait indiqué une porte-parole de l'exécutif européen. "La réglementation est trop rigide", et "nous devons être plus pragmatiques", avait prévenu en amont de la réunion Sigrid de Vries, directrice générale de l'Association européenne des constructeurs automobiles, organisation qui défend les intérêts d'un secteur pesant 13 millions d'emplois directs et indirects, et produisant 7% du PIB européen.

C'était la troisième réunion à Bruxelles depuis le lancement en début d'année du "dialogue stratégique" entre l'UE et l'industrie automobile, pour l'aider à s'adapter aux défis simultanés de l'électrification, de la concurrence et des tensions commerciales.

Signe que l'UE se montre à l'écoute de leurs difficultés, les constructeurs avaient déjà obtenu il y a quelques mois le report d'une norme d'émissions de CO2. Mais ils se concentrent désormais sur la mesure phare de Bruxelles, l'interdiction dans l'UE à partir de 2035 de la vente de voitures neuves et des véhicules utilitaires légers à essence ou diesel, hybrides compris. Un emblème des ambitieuses mesures du Pacte vert (Green Deal), qui avait été acté en mars 2023 malgré les réticences allemandes.

De plus en plus contestée

Cette mesure est de plus en plus contestée par les constructeurs, confrontés à des ventes de modèles électriques qui patinent, à la concurrence chinoise en grande forme, aux droits de douane américains et à la chute des bénéfices mondiaux. Ils n'ont qu'un mot à la bouche désormais: obtenir des "flexibilités" pour passer au tout-électrique. Mardi, le chancelier allemand Friedrich Merz leur a apporté son soutien, en plaidant pour "une réglementation européenne intelligente, fiable et souple".

À l'inverse, 150 entreprises actives dans la filière des véhicules électriques (constructeurs, fabricants de batteries, opérateurs de recharge...) sont montées au créneau lundi pour défendre la date-butoir de 2035.

"Tenez bon, ne reculez pas", ont-elles plaidé dans une lettre ouverte adressée à Ursula von der Leyen.
J. Br. avec AFP