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Contentieux sur l'A350: Airbus annule une commande d'A321 pour mettre la pression sur Qatar Airways

Airbus enregistre une nouvelle commande de plus de 100 appareils ce lundi.

Airbus enregistre une nouvelle commande de plus de 100 appareils ce lundi. - GIUSEPPE CACACE / AFP

Suite à la plainte de la compagnie aérienne, l'avionneur européen a déclaré avoir résilié un contrat distinct pour la livraison de 50 A321neo. De quoi placer Qatar Airways dans une position difficile.

Nouvelle escalade dans le conflit qui oppose Airbus et Qatar Airways au sujet de problèmes d'effritement de peinture sur les A350.

Suite à la plainte de la compagnie aérienne et à une demande d'indemnisation de 618 millions de dollars, l'avionneur européen contre-attaque à nouveau.

Dans une décision inédite, l'industriel a résilié un contrat distinct pour la livraison de 50 A321neo.

"Nous confirmons avoir résilié le contrat portant sur 50 A321 avec Qatar Airways, conformément à notre droit", a affirmé à l'AFP un porte-parole d'Airbus, confirmant une information de Bloomberg.

De quoi accentuer la pression sur Qatar Airways qui se retrouve dans une position difficile. La compagnie risque en effet de n'avoir pas assez d'appareils pour accompagner ses opérations (notamment pour la Coupe du monde de football) et son développement. Ces avions devaient être livrés à partir de 2023.

Une décision quasiment sans précédent dans l'histoire de l'aviation civile. Les annulations de commandes sont généralement le fait des compagnies pas des fabricants. Reste que le coup de pression d'Airbus risque de lui coûter cher: plusieurs milliards de dollars au prix catalogue.

Qatar Airways en position délicate pour la Coupe du monde de football

Dans des documents présentés par Airbus lors d'une audience préparatoire à la Haute Cour de Londres (en vue de la première audience en avril prochain), l'avionneur répète qu'"il n'y a aucune base raisonnable ou rationnelle" pour que les régulateurs qatariens aient cloué au sol 21 des A350.

Airbus met également en avant le fait que les régulateurs européens ont constaté que les défauts de surface de l'A350 ne posaient aucun problème de navigabilité ou de sécurité. Ce que conteste Qatar Airways.

Conclusion, aucune indemnisation n'est due selon Airbus. Qatar Airways est "en défaut manifeste de ses obligations contractuelles" en refusant d'accepter la livraison de deux A350, poursuit l'avionneur. Rappelons qu'il a déjà livré 53 appareils à la compagnie aérienne.

Du côté de Qatar Airways, cette décision passe mal. Le groupe souligne que ces A321neo n'entrent pas dans le cadre du contentieux. L'industriel ne peut donc s'appuyer sur le défaut de l'A350 pour annuler le contrat des A321neo...

Rappelons que ce bras de fer a commencé en juin dernier lorsque la compagnie annonce que sur la demande du régulateur du pays, il doit maintenir au sol 20 de ses 53 Airbus A350. En cause, une usure précoce de la peinture de surface qui peut laisser apparaître une sous-couche de treillis conçue pour absorber la foudre.

Evaluation juridique

En décembre dernier, prennant acte de l'impasse dans les négociations, Airbus décide de déplacer le dossier sur le terrain juridique.

"Face à la méconnaissance continue de la dégradation de surface non structurelle sur sa flotte d'avions A350 par l'un de ses clients, il est devenu nécessaire pour Airbus de demander une évaluation juridique indépendante comme voie à suivre pour résoudre le différend, que les deux parties ont été incapables de régler au cours de discussions directes et ouvertes".

Une demande qui a débouché sur le dépôt de plainte en Grande-Bretagne de Qatar Airways, assurant n'avoir "pas d'autre choix que de rechercher un règlement rapide de ce litige par le biais des tribunaux".

"Nous avons malheureusement échoué dans toutes nos tentatives pour parvenir à une solution constructive avec Airbus concernant la "dégradation accélérée de la surface (des fuselages) qui a un impact négatif sur l'Airbus A350", explique la compagnie. Ces procédures visent à "garantir qu'Airbus répondra désormais à nos préoccupations légitimes sans plus tarder", détaille-t-elle.

Olivier Chicheportiche Journaliste BFM Business