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Cloud souverain: Emmanuel Macron admet des "retards" mais poursuit les investissements

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Emmanuel Macron - BFM Business

Dans le plan "France 2030", Emmanuel Macron a détaillé un plan d'investissement à 30 milliards d'euros dont une partie sera consacrée à la création d'un Cloud souverain. Retour sur une ambition française.

Le cloud souverain est un peu comme le monstre du Loch Ness. On en parle beaucoup, mais on le voit peu ou jamais. Même Emmanuel Macron le reconnait. Lors de son discours sur le plan d'investissement "France 2030", le Président de la République a admis cette réalité.

"Est-ce que nous aurons un cloud totalement souverain à 5 ans? Non, je crois que ce n'est pas vrai parce qu'on a pris beaucoup de retard et parce que la différence d'investissement entre la place européenne et la place américaine, c’est un facteur 10 chez les acteurs privés" a indiqué Emmanuel Macron.

Le chef de l'Etat reste néanmoins convaincu qu'il est impératif de "sécuriser les briques les plus sensibles" et qu'il est nécessaire "d'investir sur les éléments les plus souverains pour sécuriser nos écosystèmes".

La notion de Cloud souverain est apparu dès 2009 dans un programme baptisé Andromède lancé par François Fillon, alors Premier ministre de Nicolas Sarkozy. Il s'agissait déjà de ne pas être dépendant des géants américains et ne pas être sous la pression du Patriot Act. A l'époque, il y avait IBM, HP, Microsoft, Amazon Web Services ou Rackspace.

Un Cloud Souverain avec Google

Désormais, il faut aussi compter sur Google. Et depuis le Patriot Act, une autre loi extraterritoriale américaine, le Cloud Act, permet à Washington d'avoir accès aux données stockées sur les datacenters des entreprises américaines.

Le Cloud Souverain à la française a fait long feu malgré les investissements et le pedigree des sociétés chargées de le créer. La Caisse des Dépôts a investi 135 millions d'euros, France Telecom et Thales ont mis 60 millions d'euros chacun pour CloudWatt et Dassault Systèmes, qui a cédé sa place à SFR (Groupe Altice, également propriétaire de BFM Business) et Bull, a contribué à hauteur de 30 millions sur Numergy.

En 2019, Bruno Le Maire relance l'idée d'une souveraineté numérique basé sur un cloud de confiance. La nuance est d'importance. Le ministre demande à Dassault Systèmes et OVH de définir ce "Cloud de confiance" pour établir un cahier des charges et développer des offres selon le type de données: critiques, sensibles et non sensibles.

Le ministre de l'Economie précise sa stratégie deux plus tard. En mai 2021, il dévoile la création d'un label de confiance porté par l'Etat piloté par l'Anssi (Autorité nationale en matière de sécurité et de défense des systèmes d'information). Les données devront être stockées en France sur des serveurs opérés par des sociétés européennes avec les outils logiciels de Microsoft et de Google.

Il y a une semaine, Thales a annoncé une alliance avec Google pour tenter d'obtenir le label Cloud de confiance. Les deux entreprises s'engagent à conserver les données, dont celle de l'Etat, en France pour qu'elles ne soient pas soumises aux lois extraterritoriales américaines.

Pascal Samama
https://twitter.com/PascalSamama Pascal Samama Journaliste BFM Éco