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Bruno Bouygues (Gys) : "Il n’y a plus de semi-conducteurs disponibles pour l’année prochaine"

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Bruno Bouygues, PDG de Gys, alerte ce jeudi sur BFM Business sur les difficultés face à la pénurie actuelle de composants, ne voyant pas de retour à la normale avant 2023. Un constat partagé par le directeur général de Plastic Omnium, Laurent Favre.

Une entreprise au cœur de la pénurie des composants. Bruno Bouygues, PDG de Gys, était l'invité de Good Morning Business ce jeudi 9 décembre, et il est revenu sur la crise actuelle avec les difficultés des entreprises à se fournir en composants essentiels à leur activité, avec des chiffres impressionnants sur la hausse des délais de livraisons.

"Les délais de livraison étaient de 8 à 10 semaines standard sur les 5 ou 6 dernières années et sur un an, ils ont glissé entre 46 et 47 semaines en moyenne, avec des semi-conducteurs critiques qui nous sont livrés entre 70 voire 80 semaines et pour les plus critiques 130 semaines d’avance", a détaillé Bruno Bouygues.

Des commandes déjà passées pour début 2024

Avec de tels délais de livraison - plus de deux ans pour certains composants donc - son entreprise, spécialisée dans la conception et la fabrication d’équipements de soudage, de chargeurs de batteries et de systèmes de réparation de carrosserie, anticipe déjà ses commandes pour 2023. Ce qui augure d'une année 2022 très tendue.

"Il n’y a plus de semi-conducteurs disponibles pour l’année prochaine et le début de 2023, alerte Bruno Bouygues. Et là on commence à négocier fin 2023, début 2024 avec nos fournisseurs."

Cette crise inédite perturbe de manière inédite le quotidien des entreprises industrielles.

"On est passé du 'just in time' au 'just in stock' : auparavant on n’avait pas de stock, tout le monde reconstitue ses stocks stratégiques et la demande qui progresse, cumulée avec cette reconstitution des stocks stratégiques dans toute la chaîne, a fait que les usines n’ont pas été capables de livrer et les délais d’approvisionnement ont été très longs", détaille Bruno Bouygues, qui ne prévoit pas de sortie de crise à court. Voire même à moyen terme.

"Ce qu’il faut bien comprendre, c’est qu’en passant de 8 semaines à 46 semaines, on a pris 38 semaines de différence, on ne va pas récupérer ça en 6 ou 8 semaines. Je pense qu’on est au pic de la crise, qui va durer une grosse année voire une année et demi minimum, explique-t-il, rassurant. Il faut absolument que sur tous les composants, c’est-à-dire électro-mécaniques, passifs, semi-conducteurs, les délais d’approvisionnement redescendent progressivement pour que toutes les entreprises puissent avoir une meilleure visibilité et avancer".

Même constat chez Plastic Omnium

Chez Plastic Omnium, dont le directeur général Laurent Favre était aussi l'invité de Good Morning Business ce jeudi, même constat sur la situation :

"On est très fortement frappé par ces délais, mais la bonne nouvelle, c'est que la demande est là, les consommateurs veulent acheter des voitures. Mais ils attendent car nos constructeurs, ou la supply-chain, ne sont pas capables de produire les véhicules car ils manquent des semi-conducteurs.

Un problème davantage structurel que conjoncturel selon lui:

"Il y a une demande croissante de semi-conducteurs dans le monde, pas seulement pour l'automobile mais pour tous les objets connectés, les téléphones, les Playstation etc... la croissance (de la demande) est beaucoup plus forte qu'attendu, car le Covid a amené de nouveaux usages, on est plus connecté, plus qu'avant, et la mise en place de la production nécessaire n'a pas suivi, et a aussi été impacté par le Covid, les arrêts d'usines et autres."

Pour Laurent Favre, "ce problème structurel va encore durer au moins 12 mois, même si on voit (actuellement) une stabilisation".

https://twitter.com/Ju_Bonnet Julien Bonnet Journaliste BFM Auto