"Au quatrième bip": l'horloge parlante arrêtera de fonctionner le 1er juillet prochain

La fin de 90 ans de bons et loyaux services pour le dispositif encore opéré par Orange avec l'Observatoire de Paris.

Pour un dernier message venu d'un autre temps, il suffit de numéroter le 3699. Et pour 1,50 euro l'appel (tout de même), l'horloge parlante donnera alors "au quatrième bip" l'heure exacte en France, à la seconde près.

Ce service, presque centenaire, va pourtant fermer définitivement le 1er juillet prochain. Et depuis le 1er mai dernier, un message annonce d'ailleurs la fin du service juste avant de donner l'heure.

En réalité, la disparition de l'horloge parlante n'est pas une surprise. Toujours opéré par Orange, le 3699 n'est plus vraiment utilisé, tant les sources gratuites sont nombreuses. Contacté par BFM Business, Orange ne souhaite pas communiquer les chiffres des derniers mois mais indique que "les appels diminuaient de 25 à 30% par an."

De la même façon, ce sont les commutateurs téléphoniques MT20, indispensables au fonctionnement, qui arrivent tout simplement en fin de vie.

Une invention française

L'horloge parlante reste pourtant d'une précision redoutable. C'est même une invention française! Depuis la fin du 19ème siècle, c'est l'Observatoire de Paris qui déterminait alors l'heure légale en France. Ceux qui souhaitent régler leur montre devaient donc appeler un agent sur l'unique ligne de téléphone du bâtiment.

En 1933, le professeur Ernest Esclangon, alors directeur de l’Observatoire de Paris, n'en peut plus des appels incessants des usagers et a l'idée d'automatiser le tout avec un message pré-enregistré sur un cylindre.

Vingt lignes sont créées spécifiquement pour assurer le service, qui connait un succès fulgurant: 140.000 appels téléphoniques dont 20.000 seulement sont satisfaits le premier jour. La voix est celle de Marcel Laporte, dit "Radiolo", pionner de la radio en France.

Le modèle va s'améliorer au cours des années et repris dans le monde entier. Le dispositif actuel date de 1991, relié à une horloge atomique de l'Observatoire. "Sa précision actuelle est de vingt millièmes de seconde" souligne l'institution sur son site qui précise que les "différentes syllabes des annonces permettent de donner l’heure jusqu’en 2085." Ce ne sera finalement pas nécessaire.

Thomas Leroy Journaliste BFM Business