Ils ont 42.600 euros de côté en moyenne, ils en avaient 107.000 en 2016: pourquoi les patrons de TPE se sont appauvris en 10 ans

Une rue commerçante - dr
Tensions géopolitiques, droits de douane de Trump, instabilité politique... Voilà des mois que la conjoncture économique se dégrade, tant sur le plan national qu'international. Et ce sont en premier lieu les petites entreprises qui payent les pots cassés.
D'après le baromètre de l'Ifop pour Fiducial, 39% des TPE françaises déclarent rencontrer des difficultés financières au deuxième trimestre. Une proportion en hausse de 3 points par rapport au trois premiers mois de l'année. Elles sont presque autant (38%) à estimer qu'elles pourraient être contraintes de déposer le bilan, le plus haut niveau depuis huit mois.
Cette vulnérabilité s'observe aussi à travers l'évolution des économies des patrons de TPE qui déclarent disposer en moyenne de 42.600 euros sur leurs produits d'épargne (Livret A, assurance vie, PER, PEA, etc.), soit 2,5 fois moins qu'il y a 9 ans (107.000 euros en moyenne). Six patrons de TPE sur 10 (61%) disent même détenir moins de 25.000 euros d'épargne.
"Ainsi, de moins en moins de patrons épargnent et, lorsqu’ils épargnent, la somme capitalisée est de moins en moins importante", résume Fiducial.
Des patrons qui ont pioché dans leur épargne pendant les crises successives?
Comment expliquer un tel effondrement du bas de laine des dirigeants de PME? "L'hypothèse que l'on peut faire est celle des crises et notamment de la crise sanitaire qui a mis en tension les patrons de petites structures dont on imagine facilement qu'ils on pu avoir à taper dans leurs économies pour maintenir leur structure à flots", estime Flora Baumlin, directrice d'expertise à l'Ifop, qui évoque également la "hausse des charges pour les entreprises avec un chiffre d'affaires qui reste le même mais un revenu qui s'amenuise et donc une moindre possibilité d'épargner".
Notons par ailleurs que l'enquête inclut les micro-entrepreneurs, plus nombreux qu'il y a dix ans, et qui sont en général plus jeunes avec des revenus moins élevés.
Flora Baumlin suggère enfin l'idée selon laquelle "certains secteurs qui fonctionnent beaucoup aux liquidités (BTP, commerce, hôtellerie-restauration)" avec "une partie du revenu qui est peut-être sortie des circuits traditionnels dans un mouvement de défiance institutionnelle" alors que le pessimisme à l'égard du climat des affaires atteint 80% et que seuls 19% des dirigeants de petites entreprises déclarent avoir confiance dans la politique économique du gouvernement.
De faibles montants épargnés
Une large majorité des patrons de PME (94%) détenant au moins un produit d'épargne assurent pourtant mettre de l'argent de côté tous les mois. Mais les montants sont particulièrement faibles: moins de 100 euros pour 39% des dirigeants, entre 100 et 200 euros pour 26% d'entre eux et entre 200 et 300 euros pour 12%.
Les montants les plus faibles sont observés "chez les femmes et les patrons de l’hôtellerie. À l’inverse, les chefs d’entreprise du secteur de la santé et de l’action sociale" sont ceux qui disposent "d’une plus grande capacité d’épargne mensuelle", note Fiducial.
Des déclarations qui confirment la fragilité des petites entreprises dans un contexte économique morose. Au premier trimestre, 72% des défaillances d'entreprises en France ont d'ailleurs concerné des microentreprises, tandis que le nombre de TPE de trois à neuf salariés à avoir fait défaut à progresser de 8,8% sur un an. Une hausse deux fois plus importante que pour l'ensemble des entreprises, d'après Altares.