"Un niveau toujours élevé": au premier trimestre, les défaillances d'entreprises encore en hausse

La tendance à la hausse des défaillances d'entreprises se poursuit en France. Selon le groupe Altares, 17.845 défaillances ont été comptabilisées pendant les trois premiers mois de l'année, soit une hausse de 4,4% sur un an.
"Depuis quelques mois, le volume des défaillances se stabilise à un niveau très élevé. Nous restons très au-dessus de la moyenne des défauts observés au premier trimestre depuis 15 ans (15.300 en moyenne)", souligne l'étude*.
Dans le détail, 12.395 liquidations judiciaires ont été prononcées, soit 69,5% de l’ensemble des procédures, elles sont en hausse annuelle de 3,3%. Les redressements judiciaires sont en hausse rapide de 7% pour 5.077 jugements prononcés.
Les microentreprises de moins de trois salariés constituent l’essentiel des défauts (72%) à 12.867, soit +3,6%. Par ailleurs, 3.507 TPE de trois à neuf salariés ont fait défaut en ce début d’année, soit une augmentation de 8,8%.
Les PME de plus de 100 salariés en difficulté
"Les PME de 10 à 99 salariés résistent beaucoup mieux: 1.407 d’entre-elles ont défailli contre 1.394 il y a un an, soit une quasi-stabilité (+0,9%)", peut-on lire.
En revanche, la situation reste très difficile pour les PME-ETI de plus de 100 salariés avec un bond de 28% des défaillances une sur cinq concerne le secteur social ou médical. De quoi menacer 71.400 postes selon Altares, "du jamais vu pour un premier trimestre depuis la crise financière de 2009. Il y en avait alors eu 73.700".
Malgré tout, Altares affiche un certain optimisme en précisant que la hausse trimestrielle de 4,4% "est la plus faible depuis quatre ans".
Le spécialiste souligne également que certains secteurs sinistrés comme le bâtiment repassent dans le vert tandis que "l’habillement s’inscrit désormais sur une trajectoire favorable".
"Ce premier trimestre n’a pas encore permis de voir le nombre des défaillances d'entreprises reculer mais l’orage s’éloigne même si des nuages persistants nous invitent à rester prudents et patients. (...) Bien que le chiffre global reste très élevé, plusieurs activités passent au vert en particulier dans le B2C. C’est notamment le cas du commerce de détail d’habillement et, dans son sillage, du commerce de gros de textile-habillement et de sa fabrication. La restauration peine en revanche à sortir de l’ornière" avec une hausse de 12% des défaillances, commente Thierry Millon, Directeur des études Altares.
Le secteur des sports et loisirs est également lourdement touché avec une hausse de 42% des défaillances, particulièrement dans la vente d’articles de sport.
Incertitude
Côté perspectives, c'est évidemment l'incertitude qui prédomine avec les annonces et revirements de Donald Trump en matière de droits de douane.
"S’il est trop tôt pour en mesurer précisément les effets, il demeure que cette guerre commerciale va contraindre les dirigeants à devoir corriger leurs prévisions de revenus, d’investissement, d’emploi et donc de performance financière. La supply chain va être challengée et les trésoreries très sollicitées. La gestion du cash avait sonné comme une évidence depuis la Covid et la hausse des taux, il va falloir pourtant redoubler d’efforts sur cette question pour tenir et sécuriser sa croissance", poursuit le responsable.
*: Les statistiques Altares de défaillances d’entreprises comptabilisent l’ensemble des entités légales disposant d’un numéro SIREN (entreprises individuelles, professions libérales, sociétés, associations) et ayant fait l’objet d’un jugement d’ouverture de procédure prononcé par un Tribunal de Commerce ou Judiciaire (ex TGI - TI).