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Energie

Vers une nationalisation d'EDF?

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Jour de grève chez EDF. Après le gel des tarifs de l'électricité, la question d'une recapitalisation du groupe se pose. La renationalisation est dans tous les esprits.

Nouvelle journée de grève chez EDF. Les syndicats ont déclenché la semaine dernière un droit d'alerte économique après les décisions du gouvernement destinées à plafonner les tarifs de l'électricité. Ils n'augmenteront que de 4% contre +44% si la facture avait répercuté la hausse des prix sur les marchés.

EDF a déjà prévenu que ses marges seraient impactées de 8 milliards d'euros. D'abord car le groupe devra acheter à prix fort de l'électricité que le gouvernement lui a contraint de vendre à bon marché à ses concurrents. Mais surtout, car EDF n'a plus de "réserves de production". Après la fermeture de ses cinq plus gros réacteurs, EDF estime que sa production va baisser de 20% cette année.

"Pas de tabou"

Face à ce "trou" énorme, l'Etat a promis de "ne pas laisser tomber EDF" selon les propos du ministre de l'Economie. Mais alors que le cours d'EDF n'a jamais été aussi bas, la question d'un retrait de la Bourse est sur toutes les lèvres.

"Il n'y a pas de tabou, nous étions déjà favorable à une nationalisation du nucléaire l'an passé", nous confie l'entourage de Bruno Le Maire. D'autant qu'elle ne coûterait pas plus de 5 milliards d'euros, deux fois moins qu'il y a un an.

Un retrait de cote permettrait de mettre EDF à l'abri des soubresauts boursiers. Mais aussi de se mettre sous la protection de la signature de l'Etat alors que les agences financières menacent de dégrader sa notation. Un élément-clé pour permettre à EDF de financer ses 15 milliards d'euros chaque année.

Nationalisation "temporaire"

Une nationalisation "temporaire", comme l'expliquait Bercy l'an passé, offrirait surtout au gouvernement un cadre plus serein pour négocier une nouvelle régulation du nucléaire avec la Commission européenne. Le sujet a déjà été traité en 2021 avec Bruxelles lors du projet de réforme d'EDF, baptisé "Hercule". Celle-ci consistait à réorganisé l'entreprise autour de deux pôles: un 100% public avec le nucléaire et les barrages (EDF Bleu); l'autre, coté en Bourse comprenant les énergies renouvelables et les réseaux (EDF Vert)

La nationalisation d'EDF conduirait inévitablement la Commission européenne à exiger de nouveau du gouvernement français de séparer les activités de l'entreprise. En échange d'une reprise en main publique du nucléaire et des barrages, Bruxelles exigera de garantir la concurrence dans les autres pans du secteur énergétique français.

Une nouvelle régulation doit de toutes façons être mise en place avant fin 2025. Le PDG d'EDF estime qu'elle doit être tranchée deux ans avant pour être appliquée dans les temps. Pour être dans les temps, Jean-Bernard Levy remettra le sujet sur la table du futur gouvernement dès l'été prochain.

Matthieu Pechberty Journaliste BFM Business