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Energie

Un obstacle levé pour Engie

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Engie peut céder pour 3 milliards de dollars d’actifs en Thaïlande et continuer son plan de transformation.

La Thaïlande a finalement autorisé Engie à céder trois milliards de dollars d'actifs dans le royaume à un grand groupe thaïlandais, qui a offert des garanties pour éviter de se retrouver en situation de monopole. « Un accord de principe a été donné par la Commission de régulation de l'énergie après une nouvelle soumission de l'offre » de cession des parts d'Engie dans Glow, producteur indépendant coté à la Bourse de Thaïlande, a annoncé la commission dans un communiqué. C’est le groupe thaïlandais Global Power Synergy Public Company Ltd (GPSC) qui va pouvoir reprendre les parts d’Engie, avec un certain nombre de garanties pour éviter l'abus de position dominante.

Pour Engie c’est une forme de symbole « même si l’opération ne pourra se faire qu’en 2019 » dit un porte-parole, « c’est une sorte d’acte conclusif majeur et totalement en ligne avec le plan lancé il y a trois ans ». Engie reste toutefois prudent, l’affaire est complexe et visiblement d’autres obstacles ne sont pas à exclure « même si la voie semble bien dégagée cette fois ».

La volonté de céder Glow s'inscrit dans la stratégie affichée par Engie de réduire son empreinte carbone : confronté au bouleversement des marchés de l’énergie, le groupe veut se concentrer sur les services, les économies d’énergies ou encore les énergies renouvelables, tout en restant très puissant dans le gaz, qui représente encore aujourd’hui 60% de ses capacités de production. Le plan d’Engie c’est que les énergies bas carbone (dans lesquelles le groupe inclue le gaz) représentent 90% de l’excédent brut d’exploitation à très brève échéance

Course contre la montre

C’est une forme de course contre la montre, les actifs intéressants dans ces domaines-là devenant plus chers de jour en jour. Fin novembre, Engie avait pu faire deux annonces coup sur coup : 700 megawatts de projets solaires et éoliens au Mexique et la vente d’une importante (1000 MW) centrale à charbon en Australie, lui permettant de réduire sa dette de 670 millions d'euros. C’est aussi un pari risqué, l’ensemble des activités de service étant soumises à un très fort environnement concurrentiel, bien plus que ne le sont les activités de production.

Maintenant que le plan de cessions d’actifs de 15 milliards d'euros arrive à son terme, un nouveau plan stratégique est en phase d’élaboration et devrait être dévoilé dans quelques semaines tout au plus. Engie est enfin toujours confronté aux difficultés rencontrées par le nucléaire belge qu’elle opère à travers sa filiale Electrabel. La découverte de malfaçons dans la construction des réacteurs a provoqué la mise à l’arrêt de la quasi-totalité des centrales belges. Là aussi, c’est une course contre la montre pour réparer au plus vite au milieu des vagues de froid hivernales, « c’est mon obsession quotidienne » disait Isabelle Kocher, le mois dernier, sur BFM Business.

La directrice générale d’Engie est convaincue de la pertinence et de l’urgence de la mutation qu’elle impose au groupe. La vision plus large est celle d’une énergie produite à l’avenir à partir de petites structures, très souples, parfois même de l’auto production, et la marginalisation des grands sites industriels type EPR, « il sera très difficile au nucléaire d’être rentable à l’avenir » dit-elle par exemple. Elle peut s’appuyer sur une division services forte de 100.000 personnes et dont le chiffre d’affaires (18 mds€) progresse d’environ 1 milliard€ par an. Mais ce sont toujours les activités traditionnelles qui font vivre le groupe. La mutation du géant industriel reste une opération à haut risque