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Renouvelables: la France relève à peine ses prévisions pour 2030 et reste bien en-dessous des objectifs

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Contexte revèle que la France a indiqué à la Commission européenne viser 35% d'énergies renouvelables dans sa consommation finale d'énergie d'ici 2030 au lieu des 44% exigés par une directive de 2018.

La France n'est pas prête de donner satisfaction à l'exécutif européen sur le terrain des énergies renouvelables. L'Hexagone mène depuis plusieurs années un bras de fer avec Bruxelles, faute d'avoir atteint les objectifs fixés en 2009 de compter 23% d'énergies renouvelables dans sa consommation finale d'énergie en 2020.

Paris s'est encore fait épingler en décembre par la Commission européenne pour avoir soumis un projet de "Plan national intégré-énergie climat" (Pniec) fixant un objectif de 33% de renouvelables d'ici 2030 au lieu des 44% exigés par une directive de 2018.

Début juillet, la France a envoyé à Bruxelles son Plan national énergie-climat (PNEC) qui était exigé avant le 30 juin mais sans y faire apparaître un nouvel objectif en matière de part de renouvelables dans la consommation finale d'énergie en 2030. En réalité, le média Contexte révèle que la France a bien communiqué à l'exécutif européen une nouvelle cible mais à peine relevée puisque la part atteint désormais 35% et reste donc bien en-deçà des 44% de la directive sur les renouvelables.

Plutôt une part "d'énergies décarbonées" pour intégrer le nucléaire

Pour justifier cet écart, la France préfère mettre en avant un objectif "décarboné", incluant donc le nucléaire, peu émetteur des gaz à effet de serre responsables du changement climatique. La trajectoire prévue "permettra à la France d’atteindre 58% d’énergies décarbonées dans sa consommation finale d’énergie" en 2030, "ce qui contribue pleinement aux objectifs européens", se défend Paris dans le PNEC. Quant à l'objectif de 2020, il "sera atteint en 2024 et serait même dépassé de près d’un point", se félicite-t-on.

"La France dispose d’un bouquet énergétique et électrique parmi les plus décarbonés de l’UE", se justifie-t-elle encore.

Pour cette raison, le gouvernement avait écrit à la Commission pour justifier son refus d'acheter "a posteriori (des) volumes de production d'énergies renouvelables à d'autres États", comme le prévoit la directive en cas de non-atteinte des objectifs. La France prend ainsi le risque d'une procédure de sanctions par la Commission. Mais, profitant d'un retour en grâce du nucléaire, elle espère aussi rallier des États autour de son action pour remplacer les objectifs de renouvelables par des objectifs de décarbonation.

Globalement, "la France se fixe l’objectif d’une réduction brute de ses émissions de gaz à effet de serre d’au moins 50% en 2030 par rapport à 1990", soit 270 millions de tonnes de CO2 équivalent (contre 373 MtCO2e en 2023), ajoute le Pniec actualisé. Mais un décret se fait toujours attendre pour mettre en oeuvre la programmation pluriannuelle fixant pour 2035 les grands objectifs par type d'énergie et la stratégie nationale bas carbone (SNBC), feuille de route nationale pour lutter contre le changement climatique.

Timothée Talbi avec AFP