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Energie

Pour répondre à la demande en énergies fossiles d'ici 2050, il faudra investir massivement dans de nouveaux gisements de pétrole et de gaz selon l'AIE

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Après avoir beaucoup insisté sur l'imminence d'un pic de la demande, l'agence internationale de l'énergie appelle à s'intéresser davantage à l'offre, alors que la politique pro-pétrole de Donald Trump pourrait modifier l'avenir énergétique.

Investir dans de nouveaux projets pétroliers et gaziers pourrait s'avérer indispensable, rapporte mardi 16 septembre l'Agence internationale de l'Energie, alors que l'administration du président Donald Trump exerce une forte pression pour qu'elle adopte des prévisions moins défavorables aux énergies fossiles. Dans un rapport fondé sur l'analyse des données de 15.000 champs d'hydrocarbures, l'agence de l'OCDE basée à Paris fait le constat que les déclins de production des sites pétroliers et gaziers existants, liés à l'épuisement naturel des réservoirs, "se sont accélérés, avec des implications pour les marchés et la sécurité énergétique".

Environ 90% des investissements actuels servent à "compenser les pertes d'approvisionnement dans les champs existants", détaille Fatih Birol, le directeur exécutif de l'AIE, dans un communiqué, mais cela ne suffit pas, selon ses analystes.

"Le débat sur l'avenir du pétrole et du gaz tend à se concentrer sur les perspectives de la demande, avec beaucoup moins d'attention accordée aux moteurs de l'offre", a expliqué à la presse Christophe McGlade, chef de l'unité "approvisionnement en énergie" de l'AIE.

En clair, si la consommation de pétrole et de gaz se maintient à des niveaux similaires dans les vingt prochaines années, les prix pourraient notamment augmenter.

Tensions sur l'offre

"Si l'on veut maintenir les niveaux de production actuels, plus de 45 millions de barils par jour de pétrole et environ 2.000 milliards de mètres cubes de gaz naturel seraient nécessaires en 2050, provenant de nouveaux gisements conventionnels", précise l'agence.

"Cela laisse un grand fossé qui devrait être comblé par de nouveaux projets conventionnels de pétrole et de gaz afin de maintenir la production à des niveaux actuels", indique l'agence; même si "les quantités nécessaires pourraient être réduites si la demande de pétrole et de gaz diminuait".

Les ressources récemment découvertes permettraient d'ajouter "28 millions de barils par jour et 1.300 milliards de mètres cubes à l'offre d'ici 2050", ajoute l'AIE. Celle-ci estime qu'il faudrait découvrir "chaque année 10 milliards de barils de pétrole et environ 1.000 milliards de mètres cubes de gaz naturel" pour maintenir la production en 2050. Il s'agit de quantités supérieures aux découvertes des dernières années.

La prédiction est notable pour une agence dont le patron, il y a deux ans, a annoncé anticiper un pic de la demande d'énergies fossiles dans la décennie, en conflit avec les prévisions de l'industrie pétrogazière. Selon Bloomberg, son prochain rapport annuel devrait comprendre un nouveau scenario - dit de "politique actuelle" - prévoyant une hausse de la consommation de pétrole et de gaz jusqu'en 2050, en rupture avec les précédentes hypothèses. L'agence explique l'introduction de ce scenario par "le fait que certains pays, notamment les États-Unis, privilégient la préservation du statut quo énergétique plutôt que sa modification", d'après Bloomberg.

Pressions de Trump

Depuis plusieurs mois, l'AIE fait face aux vives critiques de l'administration Trump qui promeut une politique anti-énergies renouvelables et pro-pétrole. "Nous ferons l'une des deux choses suivantes : nous réformerons le fonctionnement de l'AIE ou nous nous retirerons", a déclaré en juillet Chris Wright, secrétaire à l'Energie, dans une interview à Bloomberg, en disant sa "préférence" pour "la réformer".

Dans son rapport de mardi, l'AIE estime que l'investissement dans les opérations pétrogazières devrait s'élever à environ 570 milliards de dollars en 2025, "impliquant une petite augmentation de la production si cette tendance persiste".

Mais, "une baisse relativement faible des investissements (...) peut faire la différence entre une croissance de l'approvisionnement (...) et une production stable", souligne le rapport.
P.La. avec AFP