"Notre stratégie ne dépend pas des humeurs d'un président": le patron de Totalenergies tacle Trump et continuera d'investir dans les énergies fossiles et renouvelables

"Un débat sérieux et compliqué." C'est ainsi que Patrick Pouyanné résume les discussions autour de la transition énergétique. "Si on est sérieux, on sait qu'elle va prendre du temps, insiste le patron de Totalenergies sur le plateau de BFM Business lors des Rencontres économiques d'Aix. Il y a la décarbonation mais surtout le prix de l'énergie car c'est un bien essentiel. Est-ce qu'on est capable de produire de l'électricité qui n'est pas chère ?"
"On a besoin des énergies fossiles aujourd'hui, on sait qu'on va devoir faire une transition et notre stratégie ne change pas. Je continuerai de consacrer 30% de mes investissements aux énergies bas carbone."
"La stratégie de Totalenergies ne dépend pas des humeurs d'un président", assure-t-il en référence à la position de Donald Trump qui encourage l'exploitation des énergies fossiles alors que le groupe est particulièrement présent outre-Atlantique. "Aux Etats-Unis, c'est là qu'on trouve les ressources de gaz les moins chères au monde, explique le dirigeant. On a décidé d'investir dans des nouvelles capacités au Qatar et aux Etats-Unis et nous saurons assurer la sécurité d'approvisionnement de l'Europe en GNL à partir de 2028."
Toujours pas d'accord avec EDF
Concernant le prix de l'électricité dans les prochaines années, Patrick Pouyanné est particulièrement sceptique quant aux nouvelles capacités nucléaires qui seront mises en service au cours de la décennie suivante. "Il est clair que le nucléaire historique n'est pas cher mais les nouvelles centrales nucléaires seront plus chères, souligne-t-il, indiquant qu'il ne s'est toujours pas mis d'accord avec EDF sur un nouveau contrat de fourniture en électricité. J'ai plutôt en tête 100-120 euros le MWh que les 40 euros dont on parle."
"Il faut juste être conscient que ces nouveaux réacteurs seront plus chers que les anciens et je n'ai pas l'impression que ce soit le cas. Il faut reconstituer une filière. A la fin, l'électricité qui sortira de ces nouveaux EPR ne coûtera pas la même chose."
Alors que la programmation pluriannuelle de l'énergie alimente le débat politique depuis plusieurs semaines, le PDG de Totalenergies appelle à "explorer les diverses voies" qu'il estime "complémentaires" : "Il ne faut jamais dire jamais dans ce monde-là. Les Allemands ont fait l'erreur de bannir le nucléaire, ne faisons pas la même erreur en disant que nous bannissons les renouvelables." Surtout, le dirigeant du groupe pétrolier prône une solution à l'échelle européenne : "Pour retrouver de la compétitivité en Europe, il faut élargir et approfondir le marché unique. Il faut qu'on arrive à dépasser l'échelon national."
"Les Français veulent pas les éoliennes et les Allemands adorent les éoliennes. Arrêtons de penser qu'on a chacun les moyens de faire un système efficace. La vraie souveraineté sera européenne sinon on y arrivera pas."