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Le PDG d'EDF Luc Rémont démis de ses fonctions

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Le PDG d'EDF Luc Rémont a été démis de ses fonctions par l'Élysée ce vendredi 21 mars. Le directeur général de Framatome, Bernard Fontana, a été proposé pour lui succéder.

Il était sous le feu des critiques des grands industriels français, qui renégocient actuellement leurs contrats d'électricité de long terme. Le PDG d'EDF, Luc Rémont, a été démis de ses fonctions par l'Élysée ce vendredi 21 mars, selon une information de Contexte confirmée par BFM Business.

Son mandat devait prendre fin en juillet mais, après une réunion vendredi matin au ministère de l'Économie, l'État a tranché en remerciant prématurément celui qui était PDG d'EDF depuis 2022. Le directeur général de Framatome, Bernard Fontana, a été proposé pour lui succéder.

"Le Président de la République envisage, sur proposition du Premier ministre, de nommer M. Bernard Fontana en qualité de président-directeur général d'Electricité de France", a indiqué la présidence.

Cette nomination doit encore être approuvée par les commissions intéressées à l'Assemblée et au Sénat. Elle pourrait intervenir sans attendre le terme du mandat d'administrateur de Luc Rémont.

Un futur patron à même de mener de grands chantiers industriels

En déplacement sur le thème de la défense, chez KNDS à Bourges, le Premier ministre François Bayrou a justifié l'éviction de Luc Rémont.

"Le choix qui a été fait est un choix pour projeter EDF vers l'avenir."

"On est devant des chantiers de nouvelles centrales nucléaires, des chantiers très exigeants qui coûtent très cher et sur lesquels un certain nombre de difficultés se rencontrent", a souligné François Bayrou. "Bernard Fontana est le patron de Framatome, c'est un industriel qui joue un rôle important dans la filière nucléaire, qui a l'habitude de diriger des équipes, d'accélérer des chantiers."

Le non-renouvellement du mandat de Luc Rémont intervient quelques jours après un conseil de politique nucléaire, réuni lundi par Emmanuel Macron qui avait donné lieu à un coup de pression sur EDF sur le sujet de la "maîtrise des coûts et du calendrier" du programme nucléaire, un chantier pharaonique sur des dizaines d'années.

Le conseil de politique nucléaire a notamment demandé à EDF "de présenter d'ici la fin de l'année un chiffrage engageant, en coûts et en délais", et ce, afin d'éviter la répétition d'un scenario à la Flamanville, le chantier de l'EPR normand émaillé de dérapages de coûts et de calendrier.

Luc Rémont avait été nommé en novembre 2022 pour redresser la production nucléaire du groupe, très lourdement endetté, tout en conduisant la relance du programme de construction de réacteurs nucléaires, annoncé par l'Elysée en février 2022, synonyme de très gros investissements. "Il a eu sa part de responsabilité pour moderniser l'entreprise", a simplement dit François Bayrou à son sujet.

"EDF fait un bras d'honneur à l'industrie française"

Cette éviction prématurée de Luc Rémont s'inscrit aussi dans un contexte de tension entre EDF et les 100 plus gros industriels français, qui négocient actuellement les contrats d'approvisionnement en électricité pour les prochaines années. Alors que la fenêtre de négociation court jusqu'au 1er janvier 2026, seule une entreprise a signé (Arcelormittal).

Les autres se plaignent régulièrement du niveau des prix fixé par l'énergéticien. Jeudi 20 mars, sur BFM Business, le PDG de Saint-Gobain n'a pas pris de détours et a dénoncé le "bras d'honneur fait par EDF à l'industrie française".

"On est en train de totalement sortir de la route. L'électricité ou l'énergie, c'est le premier facteur de compétitivité. Pour maintenir des usines, nous avons déjà différé des investissements industriels en France parce qu'on a pas de visibilité sur les tarifs de l'électricité au 1er janvier 2026", a-t-il critiqué.

"Alors qu'on payait jusqu'ici 40 euros le mégawattheure, ce qu'on nous dit, c'est que le prix pourra doubler, à 80 euros."

"Donc il n'y aura pas de maintien de l'industrie en France voire de réindustralisation et de décarbonation si on marche sur la tête comme on est en train de marcher sur la tête", a asséné Benoît Bazin.

"Le gouvernement soutient le choix d'une électricité abondante, propre et pas trop chère. C'est sur ce choix que s'est faite la nomination de Bernard Fontana", a commenté François Bayrou vendredi.

Clément Lesaffre