Le Kazakhstan vote pour construire sa première centrale nucléaire

Anna Kapustina, 35 ans, femme au foyer, lit un tract en faveur de la construction d'une centrale nucléaire dans le village d'Ulken, situé sur les rives du lac Balkhash. - Ruslan PRYANIKOV
Les bureaux de vote Kazakhs ont ouvert à six heures ce matin et fermeront à 20 heures. Il ne s'agit pas d'élire de nouveaux dirigeants, mais d'accepter ou non la construction d'une centrale nucléaire. Si la population valide ce projet, ce sera la première pour ce pays d'Asie centrale qui est le premier producteur mondial d'uranium. Les résultats sont attendus lundi dans la matinée après des sondages à minuit heure locale.
La France, via EDF, est en lice pour construire cette centrale, tout comme la Russie et la Chine, les deux principales puissances de la région, ainsi que la Corée du Sud.
Selon le président Kassym-Jomart Tokaïev, il s'agira du "plus grand projet de l'histoire du Kazakhstan indépendant" en cas d'adoption, qui ne fait aucun doute. Car la campagne en faveur du "oui" a été à sens unique dans ce pays qui, malgré une volonté affichée de relâcher la pression sur la société civile depuis l'élection de M. Tokaïev en 2019, maintient ses réflexes autoritaires.
Pétrole, métaux rares et uranium
Et pour s'assurer d'une participation élevée, les autorités ont notamment autorisé les Kazakhs à voter même s'ils ne sont pas inscrits sur les listes électorales, tandis que les bus des grandes villes sont gratuits dimanche.
"Le référendum en lui-même est une autre preuve des énormes changements survenus au Kazakhstan au cours des cinq dernières années, une nouvelle manifestation claire du concept d'État à l'écoute", s'est félicité M. Tokaïev avant le scrutin.
Toutefois les opposants à la construction, qui craignent une catastrophe écologique comme conséquence d'un possible accident, ont du mal à se faire entendre : des dizaines d'entre eux ont été arrêtés dans les semaines précédents le référendum, selon des médias privés locaux.
Riche en pétrole, métaux rares et producteur de près de la moitié de l'uranium mondial, le Kazakhstan espère grâce au nucléaire combler enfin son déficit chronique d'énergie, notamment dans le sud où vivent la moitié des quelque vingt millions de Kazakhs.
La question de l'atome est sensible au Kazakhstan après les quelque 450 essais nucléaires soviétiques menés entre 1949 à 1989, exposant 1,5 million de personnes aux radiations. La centrale doit être construire près du village à moitié abandonné d'Ulken (sud), sur les bords du lac Balkhach, le deuxième plus grand d'Asie centrale.