La sécheresse du Rhin menace l'activité économique allemande

Avec 160 millions de tonnes de marchandises qui y circulent chaque année, c'est l'un des fleuves les plus fréquentés du monde. Mais ces dernières semaines, le nombre de bateaux empruntant le Rhin a considérablement diminué. En cause, le manque d'eau dû au pic de chaleur qui rend cette voie difficilement navigable.
La perspective d'un arrêt partiel du trafic sur le Rhin constitue aujourd'hui une menace supplémentaire sur l'économie allemande, déjà éprouvée par la crise du gaz russe et la flambée des prix de l'énergie dans la foulée de la guerre en Ukraine. Les eaux basses contraignent les industriels à "charger les bateaux au tiers de leur capacité, ce qui a un coût", explique sur BFM Business Paul Tourret, directeur de l’Institut supérieur d’économie maritime (ISEMAR).
"Ce n'est pas la première fois" que le Rhin connaît un épisode de sécheresse, poursuit Paul Tourret. "Mais cette année, on atteint un point critique qui pose des questions économiques pour l'Allemagne et pour l'ensemble du bassin rhénois". "C’est le poumon de l’Allemagne occidentale qui est aujourd’hui affecté. (...) Il va sans doute y avoir un effet sur la croissance allemande ces prochains mois", souligne encore le directeur de l'ISEMAR.
Difficultés d'approvisionnement
D'autant que le faible niveau d'eau du fleuve aggrave la crise énergétique. Le Rhin a en effet regagné en importance ces derniers mois car, pour se détourner en particulier du gaz russe dont elle est dépendante, l'Allemagne veut davantage se tourner vers le charbon. Or, les grandes centrales électriques se situent principalement dans le pourtour rhénan, fleuve clé pour leur approvisionnement. Les plus grandes entreprises allemandes ont déjà prévenu que de fortes perturbations du trafic fluvial pourrait porter un nouveau coup à une économie déjà en proie à des difficultés d'approvisionnement.
La sécheresse de 2018, qui avait vu la profondeur de référence du Rhin à Kaub descendre jusqu'à 25 centimètres en octobre, avait amputé le PIB allemand de 0,2% cette année-là, selon Deutsche Bank Research. "Les bas niveaux sont arrivés beaucoup plus tôt cette fois-ci", explique à l'AFP l'un de ses économistes Marc Schattenberg. "Si les problèmes que nous observons actuellement durent plus longtemps (qu'en 2018), la perte de valeur économique devient d'autant plus grave", dit-il.