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"Un choc plus grave qu’après l’invasion de l’Ukraine": le pétrole bondit en début d'échanges en Asie, après les frappes américaines sur l'Iran

Un puit de pétrole. (Image d'illustration)

Un puit de pétrole. (Image d'illustration) - -

Le prix du baril de pétrole a augmenté de 4%, lundi 23 juin, à l'ouverture de la bourse asiatique, après les frappes américaines sur l'Iran.

Les cours du pétrole se sont envolés de plus de 4% en tout début d'échanges asiatiques, lundi 23 juin, avant de limiter leur hausse, après les frappes américaines en Iran et les menaces de représailles de Téhéran qui font redouter des perturbations de l'offre d'or noir.

Vers 23h45 GMT, le baril de WTI américain bondissait de 2,56% à 75,73 dollars après avoir grimpé jusqu'à 78 dollars, tandis que le baril de Brent de la mer du Nord gagnait 2,47% à 78,91 dollars, après avoir bondi à plus de 81 dollars. Ce qui les place dans les deux cas au plus haut depuis janvier.

La crainte de la fermeture du détroit d'Ormuz

Téhéran a menacé clairement les Etats-Unis de représailles dimanche, avec le risque d'une escalade hors de contrôle au Moyen-Orient, après des frappes américaines sans précédent qui ont permis selon Washington de détruire le programme nucléaire iranien.

Les développements du week-end ont ravivé la crainte du pire scénario possible pour le marché pétrolier: la fermeture du détroit d'Ormuz, au large des côtes iraniennes, par lequel transite près de 20% du pétrole mondial, soit un tiers du trafic pétrolier du globe.

Après une temporaire flambée des cours du pétrole après les premières frappes israéliennes le 13 juin, le marché avait largement tempéré la semaine dernière, se montrant attentiste, le conflit n'ayant pas jusqu'alors affecté sérieusement les infrastructures pétrolières iraniennes et en l'absence, jusqu'à ce week-end, d'implication des Etats-Unis.

Or, selon l'ampleur des représailles iraniennes et de l'escalade des tensions, les exportations d'or noir depuis le Moyen-Orient pourraient se voir affectées.

L'Iran, neuvième producteur mondial de pétrole

Avec une production d'environ 3,3 millions de barils par jour, l'Iran est le neuvième producteur au monde, selon les spécialistes. Il en exporte un peu moins de la moitié (1,5 million) et garde le reste pour lui.

Mais c'est surtout une limitation ou un arrêt du trafic maritime dans le détroit d'Ormuz qui alarme les acteurs de marché.

Les experts de JPMorgan avaient averti mi-juin qu'un "scénario du pire" au Moyen-Orient pourrait propulser le cours du baril à 130 dollars.

"Il existe un risque réel que le marché subisse des perturbations d’approvisionnement sans précédent au cours des prochaines semaines, d’une nature bien plus grave que le choc des prix du pétrole en 2022 à la suite de la guerre en Ukraine", estime Saul Kavonic, analyste principal de l’énergie chez MST Marquee, après de CNBC.

En effet, "même un certain degré de harcèlement du passage à travers le détroit, sans aller jusqu’à une fermeture complète, pourrait encore entraîner une hausse sérieuse des prix du pétrole", averti l'analyste, qui évalue qu'une "fermeture prolongée ou la destruction d’infrastructures énergétiques clés du Golfe pourrait propulser les prix du brut au-dessus de 100 dollars".

P.L. avec AFP