INFO BFM BUSINESS. Un poids lourd d’EDF va quitter le conseil d’administration

L’onde de choc de l’éviction de Luc Rémont se propage chez EDF. Selon plusieurs sources proches de l’entreprise, Philippe Petitcolin va démissionner de son poste d’administrateur de l’entreprise publique. L’ancien patron de Safran, entre 2015 et 2020, a annoncé sa décision à l’Etat, actionnaire d’EDF à 100%, en marge du dernier conseil d'administration, mi-avril. Administrateur depuis 2019, il a été renouvelé l’année dernière et a fait savoir qu’il n’irait pas au bout de son mandat, qui court jusqu’en 2028.
Sa démission n’a pas été signée et sa date de départ pas encore décidée. Selon une source proche, Philippe Petitcolin devrait quitter le conseil d'administration d’EDF d’ici la fin de l’année pour laisser le temps à l’actionnaire de renouveler une bonne partie des administrateurs, autour du nouveau PDG, Bernard Fontana.
L’Etat actionnaire ne souhaite pas le départ de Philippe Petitcolin. D’abord pour ne pas aggraver les secousses internes après avoir remercié le PDG Luc Rémont il y a un mois. Un premier administrateur, Bruno Cremel, a claqué la porte du conseil d’administration lors de sa dernière réunion, le 15 avril.
Ne pas interférer avec la nomination de futur PDG
Ce qui ne semble pas être le cas de Philippe Petitcolin qui entretient des relations cordiales avec le gouvernement. Ils ont cohabité chez Safran et chez KNDS, dont l’Etat détient 50% et qu’il a présidé entre 2021 et 2024. Aujourd’hui, il reste administrateur du constructeur de blindés franco-allemand et président d’Alstom. Contacté, EDF et le ministère de l’Economie n’ont pas souhaité commenter.
Bercy ne souhaite pas que sa démission interfère avec la nomination du prochain PDG d’EDF. Bernard Fontana, qui vient de Framatome, sera auditionné par le Parlement mercredi 30 avril. Il prendra ses fonctions une semaine plus tard, après l’assemblée générale du 5 mai qui devrait d’ailleurs être présidée par Philippe Petitcolin.
"Ces deux administrateurs défendaient la vision de Luc Rémont de gérer EDF comme une entreprise privée face à l’interventionnisme de l’Etat", décrypte un bon connaisseur de l’entreprise publique.
"Leurs départs ne sont pas un bon signal pour le gouvernement."
Le président d’Alstom tient à ne pas se fâcher avec l’Etat mais semble, lui aussi, lassé des batailles permanentes entre EDF et son actionnaire. Il préside le comité d’engagements de l’entreprise publique et suivait la ligne du PDG.
Luc Rémont réclamait un financement public à 100% pour la construction des EPR2 dont les dernières estimations atteignent 70 à 80 milliards d’euros sur vingt ans. En face, le gouvernement a proposé, pour le moment, d’assumer la moitié des coûts.
"L’Etat a été au bout des moyens financiers qu’il pouvait mettre en place, assure un proche du dossier. C’est maintenant à EDF de bouger."
Le prochain PDG, Bernard Fontana, devra se pencher sur la réduction des investissements dans les énergies renouvelables et le périmètre du groupe, arlésienne depuis 10 ans.