Inflation: Londres annonce une taxe exceptionnelle sur les géants énergétiques

Le Premier ministre britannique Boris Johnson au Parlement, le 30 mars 2022 - JESSICA TAYLOR © 2019 AFP
Boris Johnson était contre mais la mesure est finalement adoptée. Londres annonce une taxe exceptionnelle temporaire de 25% sur les bénéfices des géants énergétiques.
Elle permettra de financer un paquet d'aides de 15 milliards de livres afin de soulager les britanniques confrontés à des factures énergétiques qui s'envolent.
Lors d'une allocution au Parlement, le ministre des Finances Rishi Sunak a affirmé que grâce à cet ensemble de mesures les Britanniques les plus modestes "sentiront le poids (de l'inflation) s'apaiser".
D'après un communiqué du Trésor britannique, "près d'un ménages sur 8 parmi les plus vulnérables au Royaume-Uni recevra au moins 1.200 livres cette année, y compris un paiement unique de 650 livres face au coût de la vie, une hausse du revenu minimal (Universal Credit) de 400 livres et un doublement de la réduction sur les factures énergétiques" pour octobre, quand le plafond tarifaire sera considérablement relevé.
Au total, avec les mesures évaluées à 22 milliards de livres déjà annoncées, le total des aides face "au coût de la vie pour les ménages à bas revenus atteint 37 milliards de livres cette année", relève le Trésor.
Le premier ministre conservateur, Boris Johnson, et ses ministres se sont longtemps opposés à une telle taxe, affirmant, en écho aux géants sectoriels, qu'elle risquait de nuire à l'investissement dans les énergies renouvelables et à la transition vers la neutralité carbone.
Mais avec la publication d'un rapport accablant sur de multiples fêtes arrosées à Downing Street en plein confinement, le premier ministre, qui refuse de démissionner, semble parti pour céder à la pression.
Stephen Barclay, un membre influent du gouvernement, a réfuté jeudi sur Sky News le fait que le calendrier de ces annonces soit destiné à tourner la page du scandale, affirmant que le Trésor s'était calé sur les annonces par l'autorité de l'électricité (Ofgem) des hausses de plafonds tarifaires attendues cet automne.
Il a ajouté sur la chaine de radio LBC que le ministre des Finances Rishi Sunak allait "décrire à la Chambre des Communes (...) des mesures ciblées de soutien aux familles" défavorisées, qui seront les plus durement frappées par l'inflation galopante. Celle-ci a atteint 9% en avril, un sommet en 40 ans.
L'Ofgem a prévenu mardi que le plafond des prix énergétiques pourrait augmenter de plus de 40% en octobre, soit 800 livres (plus de 930 euros) supplémentaires par an et par foyer.
Parallèlement, les géants énergétiques ont vu leurs bénéfices trimestriels dopés par l'envolée des cours des hydrocarbures, qui s'est accélérée avec l'invasion russe de l'Ukraine.
En plus des factures électriques et de la nourriture qui s'envolent, le prix de l'essence lui aussi grimpe à des records historiques: il a dépassé pour la première fois 1,70 livre (près de 2 euros) le litre au Royaume-Uni, l'association d'usagers de la route RAC ayant elle aussi appelé mercredi à des "mesures pour alléger le fardeau sur les conducteurs".
La crise du coût de la vie commence à peser sérieusement sur l'activité britannique, selon l'indice Flash Composite publié mardi par S&P Global. Ce baromètre avancé de la croissance a dévissé en mai à son plus bas niveau depuis le confinement de l'hiver 2021.
Les informations de presse sur une taxe exceptionnelle sur les bénéfices des entreprises énergétiques ont par ailleurs pesé lourdement cette semaine sur les actions des groupes concernés: SSE a par exemple dévissé de 5% sur la semaine.