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Grève dans le nucléaire: pas d'impact pour les usagers, mais de possibles difficultés cet hiver

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PHOTO D'ILLUSTRATION - PHILIPPE HUGUEN © 2019 AFP

"Cette grève est un petit grain de sable dans un planning sous tension", prévient au micro de BFMTV Emmanuelle Galicher, enseignante-chercheuse en physique nucléaire au CNAM.

Alors que la France connaît une crise énergétique, le mouvement de grève pour les salaires touchant les raffineries s’est étendu à certaines centrales nucléaires. Ce mouvement vise à faire pression sur les négociations salariales des entreprises du secteur de l'énergie et notamment EDF, où une première réunion est prévue ce mardi.

Mais quelles conséquences pour les Français? "À l’heure actuelle, les usagers ne voient pas l’impact de cette grève quand ils allument la lumière chez eux, ce n’est pas comme avec la grève chez TotalEnergies", rassure auprès de Franceinfo Julien Lambert, secrétaire fédéral de la FNME-CGT, la branche énergie du syndicat.

Mais les actions des grévistes sont concrètes. Dans la centrale nucléaire de Gravelines, les salariés du site ont bloqué les opérations de maintenance du réacteur 4 et ont aussi occasionné des baisses de puissance.

"Le réacteur numéro 1 est passé de 950MW à 350, donc il y a une baisse de charge", résume Nicolas Cuvillier, secrétaire général adjoint CGT CNPE.

"Pour l'instant il n'y a pas énormément de problèmes parce qu'il ne fait pas froid: il n'y a pas une demande très forte d'électricité", explique Emmanuelle Galicher, enseignante-chercheuse en physique nucléaire au CNAM.

"On n'a plus le droit à aucune erreur"

Pour EDF, les conséquences sont donc essentiellement financières. Et en cas de grève qui s'inscrirait dans la durée, l'entreprise peut obliger ses salariés à rétablir le courant à 100%.

"Mais cette grève est un petit grain de sable dans un planning sous tension", prévient Emmanuelle Galicher. Car ce nouveau mouvement social pourrait avoir des conséquences sur le calendrier de remise à disposition de tranches nucléaires sur le réseau, la plupart des centrales en grève étant soumises à des opérations de maintenance.

"Il faudra à l'avenir faire très attention: on n'a plus le droit à aucune erreur pour cet hiver", prévient Emmanuelle Galicher

La France est fragilisée pour les prochaines semaines en raison d'une production électrique nucléaire au plus bas, liée à des travaux ou des problèmes de corrosion sur une partie de ses réacteurs nucléaires. Et elle ne peut guère compter sur sa production hydraulique, amoindrie en raison de la sécheresse.

Alexia Prunier, Marine Kijek et Camille Fournier