BFM Business
Energie

Engie et le gouvernement belge proches d’un accord sur le nucléaire

placeholder video
Les discussions sur la prolongation de deux réacteurs doivent aboutir d’ici à la fin de la semaine. Le coût de la gestion des déchets nucléaires est central pour le groupe français.

Le feuilleton belge tire à sa fin pour Engie. Depuis six mois, le groupe français discute avec le gouvernement de la prolongation de deux des sept réacteurs nucléaires qu’il exploite en Belgique. Un accord n’a pas pu être trouvé fin décembre comme prévu. Les négociations continuaient ces jours-ci et mardi, des désaccords persistaient. Mais le Premier ministre Alexander De Croo "souhaite aboutir d’ici à la fin de la semaine", confie une source proche du groupe français.

L’autorité de sûreté nucléaire belge a d’ailleurs fixé à fin janvier la date butoir pour lancer les procédures nécessaires à la prolongation des centrales de Doel (4) et Tihange (3) au-delà de 2025. Engie doit réaliser des études d’ingénierie pour obtenir les autorisations règlementaires. Cet accord sera en réalité un protocole qui fixera les conditions financières. Les deux parties devront ensuite aboutir à un texte définitif qui les engagera juridiquement.

Le gouvernement belge met la pression sur Engie

Il y a deux ans, la Belgique a confirmé sa sortie du nucléaire en 2025 tout en laissant la possibilité de prolonger de dix ans deux réacteurs. Aujourd’hui, le gouvernement veut lancer au plus vite ce processus pour sécuriser la production d’électricité au-delà de 2025 et éviter une pénurie.

Engie traine des pieds depuis plusieurs années, voulant arrêter toutes ses centrales en 2025. Mais le gouvernement lui met la pression. Il y a deux semaines, il a notamment augmenté de 3,3 milliards d’euros les provisions imposées au groupe français pour le démantèlement des réacteurs et la gestion des déchets nucléaires. Une décision qui a provoqué une chute de 6,5% de l’action Engie.

Le groupe français souhaite fixer les modalités financières de cette prolongation dont l’incertitude pèse sur son cours de Bourse et inquiète les investisseurs. Son coût, environ un milliard d’euros, sera partagé à parité entre le gouvernement belge et Engie. Reste à fixer la rémunération de dix années d’exploitation supplémentaires des deux réacteurs. Elle devrait être déterminée par un tarif régulé, permettant de couvrir ces investissements.

Décider de la facture finale pour les déchets

Engie réclame aussi un coût encadré pour la gestion des déchets afin d’avoir de la visibilité sur la facture finale, ce que réclame ses actionnaires. Mi-décembre, elle est passée de 15 à 18 milliards d’euros et pourrait, selon les modalités de l’accord, flirter avec les 20 milliards.

La négociation actuelle est assurée par Engie, côté français. Le gouvernement belge a pourtant tenté d’accentuer la pression en élevant les discussions au niveau politique. Selon nos informations, le Premier ministre belge, Alexander De Croo a évoqué le sujet avec Emmanuel Macron lors du sommet de l’Union européenne à Versailles, en mars dernier. Mais le Président de la République a refusé de s’en mêler, laissant Engie mener les pourparlers qui "sont suffisamment complexes pour que les politiques n’ajoutent pas davantage de confusion", entend-on dans le camp français.

Matthieu Pechberty Journaliste BFM Business