Électricité: comment les fournisseurs alternatifs concurrencent le tarif réglementé d'EDF

Des réductions de 10 à 40% par rapport au tarif réglementé. Quelques jours avant le relèvement de l'accise sur l'électricité au 1er février, l'UFC-Que Choisir nous indiquait avoir relevé des offres de fournisseurs alternatifs particulièrement compétitives. À tel point qu'il est plus que jamais temps de faire jouer la concurrence pour les consommateurs.
En se rendant sur les comparateurs en ligne d'offres d'électricité, les particuliers peuvent observer que plusieurs fournisseurs alternatifs leur permettent de prétendre à des baisses de leur facture annuelle de plusieurs centaines d'euros par rapport au tarif réglementé de vente.
Ces réductions dépendent des paramètres du logement, des postes d'utilisation de l'électricité et du niveau de consommation du foyer. Parmi les fournisseurs qui se distinguent le plus, on retrouve notamment Mint Energie, Totalenergies ou encore Ohm Energie. Mais alors comment expliquer la compétitivité-prix croissante de ces acteurs au cours des derniers mois?
Multiples hausses du tarif réglementé
Plusieurs facteurs expliquent cette concurrence renforcée sur le marché de la fourniture électrique. Le plus important est évidemment les prix des marchés qui représentent un des composants des tarifs proposés par les fournisseurs. Depuis plusieurs mois, ces prix sont en forte baisse et sont presque revenus à leur niveau d'avant-crise énergétique, autour de 70 euros le MWh.
Parallèlement, le tarif réglementé de vente de l'électricité (TRVE) a enregistré plusieurs hausses significatives depuis un an dans le cadre de la sortie du bouclier tarifaire. Si le dispositif avait limité l'augmentation du TRVE à 4% en 2022, il a augmenté de 15% en février 2023 puis de 10% en août dernier. Enfin, il n'échappe pas à la récente hausse de l'accise sur l'électricité qui s'est traduit par une nouvelle augmentation des tarifs oscillant entre 8,6% et 9,8%.
"Ces quatre grosses augmentations entraînent des hausses de facture de 1.000 euros pour un pavillon ou de 500 euros pour un appartement", souligne François Joubert. Le directeur général d'Ohm Energie constate "une appétence des Français pour faire jouer la concurrence" laquelle se traduit par "un afflux de clients" depuis plusieurs semaines.
Une offre 21% moins cher que le tarif réglementé
Et pour cause, celui qui se décrit comme "le plus gros des petits fournisseurs" propose actuellement une offre 21% moins cher que le TRVE. Jusqu'au 1er janvier, les fournisseurs étaient bridés dans les réductions de prix qu'ils pouvaient proposer par rapport au tarif réglementé à cause du gel des prix: "Les fournisseurs alternatifs n'étaient pas compensés si leur offre était sous le TRVE et on était contraint par rapport à ce qu'on pouvait faire".
"Aujourd'hui, on permet d'effacer cette hausse liée au rétablissement de la taxe mais aussi l'augmentation de 10% en août."
D'autres facteurs interviennent également pour aboutir à une telle baisse chez certains fournisseurs alternatifs tels que la diminution des coûts de fonctionnement des entreprises grâce à la digitalisation mais aussi les tarifs intelligents qui récompensent les particuliers consommant de l'électricité quand l'énergie est peu chère.
Un TRVE de nouveau attractif d'ici un an et demi?
Comme nous l'expliquait l'expert de l'énergie du cabinet Colombus Consulting Nicolas Goldberg il y a quelques jours, le tarif réglementé de vente intègre les prix du marché sur les deux années écoulées. Concrètement, cela signifie que l'actuel TRVE reflète la flambée des prix de l'électricité sur les marchés qui est survenue au cours de l'année 2022.
Selon Lucile Buisson, chargée de mission à l'UFC-Que Choisir, le tarif réglementé de vente pourrait donc redevenir particulièrement avantageux d'ici un an et demi quand il intègrera le niveau actuel des prix de marché. Un avantage qui serait même maximisé en cas de forte hausse des prix de marché entre-temps.
De son côté, François Joubert a une vision un peu plus sceptique à moyen-terme. "EDF a fait le choix de se lancer dans un vaste programme d'investissement nucléaire, rappelle-t-il. Il est donc probable qu'il y ait une nouvelle augmentation du TRVE et la réglementation le permettra à partir de 2026 avec le nouveau mécanisme post-Arenh [Accès régulé à l'énergie nucléaire historique]."
"On sera probablement au-delà de 70 euros le MWh parce qu'on ne finance pas des EPR à ce prix. Le prix catalogue de l'EPR, c'est 110 euros le MWh."
L'ancien directeur de la partie trading du fournisseur historique observe cependant deux facteurs qui permettent d'envisager une baisse mais dont le caractère durable est loin d'être garanti: "Il y a d'une part les prix du gaz avec l'énorme signal prix que représente le GNL. Si on regarde l'équilibre offre-demande, on est en surcapacité sur les dix prochaines années mais des risques géopolitiques existent. D'autre part, le parc nucléaire français marche mieux qu'il y a un an même s'il n'a pas encore atteint ses pleines capacités."