Dégradations sur le réseau électrique: quatre salariés de RTE en garde à vue à la DGSI

4 salariés de RTE (réseau de transport d'électricité) sont en garde à vue depuis mardi dans les locaux de la DGSI - GERARD JULIEN © 2019 AFP
Des dizaines de policiers des services de renseignement ont débarqué mardi matin au domicile de quatre agents de RTE. Ces quatre hommes, âgés de 31 à 35 ans, se trouvaient encore en garde à vue hier soir au siège de la direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) qui leur reproche des actes de cybercriminalité et des dégradations majeures sur le réseau.
Au printemps dernier, lors d'une journée de grève, quatre salariés de RTE, dans le Nord de la France, ont procédé à de petites coupures sur le réseau local. Des incidents qui ont déjà eu lieu par le passé mais qui n'ont jamais eu de conséquence sur l'approvisionnement.
Sans compter que la tension est montée d'un cran chez RTE face au risque de pénurie d'électricité. Jeudi dernier lors d'une journée de grève, l'entreprise avait déjà demandé au syndicats de relancer la production de centrales nucléaire pour éviter des tensions sur le réseau.
Une enquête ouverte pour sabotage informatique
Suite à une plainte de RTE, une enquête a été ouverte le 29 juillet pour entrave à un système de traitement de données, sabotage informatique, accès et maintien frauduleux dans un système de traitement automatisé de données, ainsi que pour introduction, modification et suppression de données d'un tel système, a précisé le parquet. Ces salariés sont entendus dans les locaux de la DGSI en raison du statut de RTE, opérateur d'importance vitale pour le fonctionnement du pays.
Dans la matinée, la CGT a diffusé un communiqué pour dénoncer des "services anti-terroristes utilisés pour faire taire les revendications salariales des agents". Le syndicat affirme que les quatre salariés, basés dans le Nord, sont suspectés d'avoir "programmé le passage en local de postes électriques".
"Une volonté de réprimer le mouvement social"?
"Il s'agit, a poursuivi la CGT, d'une action symbolique de reprise en main de l'outil de travail, fréquente lors des grèves, qui n'a aucune incidence sur la continuité de l'alimentation électrique, ni même sur la sécurité des gens et des personnes".
"Ce sont des salariés lambda, quatre techniciens de maintenance de la région Nord", a déclaré Francis Casanova, délégué syndical central CGT pour RTE. Selon lui, ils "se retrouvent en garde à vue pendant 96 heures comme les pires des terroristes pour rien", après une "action symbolique". "C'est un truc de dingue !", s'est-il exclamé. Francis Casanova y voit "une volonté de réprimer le mouvement social". Il rappelle qu'il y a eu des actions pendant plusieurs mois à RTE pour des augmentations de salaires, sans que les grévistes obtiennent gain de cause.
Mais selon un proche de RTE, ces coupures locales en plein hiver risqueraient de créer de véritables problème d'approvisionnement.
Un rassemblement à l'initiative de la CGT est prévu jeudi à 14h devant le siège de RTE dans le quartier de La Défense, en proche banlieue parisienne.