Carburants: pourquoi le gouvernement réquisitionne le personnel d'Esso mais pas de TotalEnergies

Sous le feu des critiques alors qu'un tiers des stations-service sont affectées par des pénuries de carburants, le gouvernement a décidé de reprendre la main. Devant l'Assemblée nationale ce mardi, Elisabeth Borne a annoncé la réquisition des personnels pour le déblocage des dépôts de carburants du groupe Esso-Exxonmobil. En revanche, les salariés des raffineries de TotalEnergies, eux aussi en grève, sont pour l'heure épargnés.
La Première ministre a justifié cette différence de traitement par le fait qu'un accord majoritaire, signé par la CFE-CGC et la CFDT, avait été trouvé sur les salaires chez Esso-ExxonMobil. "Une partie des organisations, malgré cet accord, veut poursuivre le mouvement et continuer le blocage, nous ne pouvons pas l’accepter", a souligné la cheffe du gouvernement.
"Le dialogue social, c'est avancer, dès lors qu'une majorité s'est dégagée. Ce ne sont pas des accords a minima. Les annonces de la direction sont significatives. Dès lors, j'ai demandé aux préfets d'engager, comme le permet la loi, la procédure de réquisition des personnels indispensables au fonctionnement des dépôts de cette entreprise", a-t-elle ajouté.
Attendre la négociation chez TotalEnergies
A l'inverse chez TotalEnergies, aucune discussion pour sortir du conflit n'a encore été engagée. Le gouvernement souhaite donc laisser sa chance à la négociation: "Les syndicats réformistes ont appelé à l'ouverture de la négociation. La direction a répondu favorablement. J'espère que les autres syndicats représentatifs saisiront cette main tendue", a détaillé Elisabeth Borne. "A défaut, le gouvernement agira là-encore pour débloquer la situation", a-t-elle toutefois prévenu.
Plus tôt dans la journée, Olivier Véran, le porte-parole du gouvernement, avait déjà tenu à faire la différence entre la situation à ExxonMobil, où, a-t-il dit, "il n'y a plus aucune raison" de blocage après l'accord entre la direction et les syndicats lundi, et à TotalEnergies, où aucune négociation n'a encore démarré.
"On est toujours en attente de précisions en matière de négociations par la direction", a relevé de son côté Eric Sellini, coordinateur CGT pour TotalEnergies. Son syndicat demande 10% d'augmentation sur les salaires pour 2022, le géant de l'énergie ayant engrangé 10,6 milliards de dollars de bénéfice au premier semestre 2022, contre les 3,5% négociés en début d'année.