Avant même le plan de sobriété, la consommation d'électricité a baissé en septembre

Le gestionnaire du réseau de transport électrique (RTE) constate déjà une diminution de la consommation d'électricité au mois de septembre par rapport au niveau habituel à la sortie de l'été.

Les Français anticipent-ils déjà les efforts auxquels ils devront consentir au cours de l'hiver à venir? D'après les dernières perspectives du gestionnaire du réseau de transport électrique (RTE), la consommation d'électricité est déjà en baisse sur le mois de septembre alors qu'elle était proche des niveaux observés avant la crise sanitaire pendant l'été.

"En septembre, cette consommation a diminué de l'ordre de 5% par rapport au niveau d'avant-crise et de 3 à 4% par rapport à la tendance observée au premier semestre", explique Thomas Veyrence, directeur exécutif Stratégie, prospective et évaluation au sein de RTE.

L'industrie est le secteur le plus touché

Sans grande surprise, le secteur secondaire est, malgré lui, celui qui consent les efforts les plus conséquents avec une baisse de 8 à 9% de la consommation pour les grands sites industriels raccordés au réseau public de transport. RTE explique ce phénomène "par le ralentissement économique observé en Europe et spécifiquement par la hausse spectaculaire des prix de l’énergie, qui ont conduit certaines usines à arrêter ou modérer leur activité."

Le gestionnaire mentionne notamment les prix du gaz qui emmènent dans leur hausse ceux de l'électricité mais aussi l'effet d'anticipation, comprenez les craintes, des acteurs du marché sur l'approvisionnement en électricité pendant la période hivernale. "Dans ce contexte, le mouvement baissier sur l’industrie pourrait se poursuivre dans des proportions encore difficiles à évaluer, notamment au fur et à mesure que les consommateurs basculent sur de nouveaux contrats de fourniture pour 2023, fondés sur les prix de marché récemment observés", souligne RTE qui rappelle également la volonté des pouvoirs publics de venir en aide aux PME ainsi qu'aux collectivités.

"Encore trop tôt pour observer les effets concrets" du plan de sobriété

Le secteur tertiaire et résidentiel est aussi concerné par cette baisse de la consommation en raison des premiers appels à la sobriété pour les prochains mois. Surtout, le plan de sobriété énergétique a été évoqué dès le mois de septembre tandis que des consignes et des gestes du quotidien étaient déjà dispensées au début de l'automne. RTE avait par ailleurs quantifié les gains de ces différentes actions telles que le chauffage à 19 degrés, la réduction de l'utilisation de l'eau chaude sanitaire, la réduction de l'éclairage public ou encore la meilleure gestion des bâtiments tertiaires.

"Le plan de sobriété énergétique annoncé par le gouvernement est de nature à conduire à une réduction de la consommation d’électricité, estime Thomas Veyrence. Cependant, il est encore trop tôt pour observer ses effets concrets car le plan a été annoncé le 6 octobre et les données de RTE sont arrêtées à fin septembre."

Le mois d'octobre donnera un cap pour l'hiver

Dans son rapport, désormais mensuel, le gestionnaire insiste toutefois sur le caractère déterminant du mois d'octobre pour fixer la tendance de l'hiver en tant que premier "mois de chauffe" durant lequel des reports de certaines consommations dans la journée devraient avoir lieu.

"En particulier, dans le secteur résidentiel, cite le rapport de RTE. A partir du 15 octobre et jusqu’au 15 avril 2023, pour les 4,3 millions de consommateurs ayant souscrit à un tarif du type « heures pleines/heures creuses » et dont une partie des heures creuses sont placées dans la plage 11h30-14h, les chauffe-eaux ne seront plus automatiquement activés."

Cette mesure aura un impact limité sur le confort des usagers qui pourront recharger leur ballon d'eau chaude sur les heures creuses restantes mais "permettra de réduire fortement l’appel de puissance sur le système électrique en fin de plateau matinal", selon le document.

Timothée Talbi