"2000 euros pour 1000 m3 de gaz": Medvedev ironise sur les conséquences de la suspension de Nord Stream 2

Au lendemain de la reconnaissance par Moscou de provinces ukrainiennes pro-russes, les Européens ont promis des sanctions contre la Russie en réponse à cette action "illégale et inacceptable" de Vladimir Poutine.
Le chancelier allemand Olaf Scholz a d'ores et déjà annoncé ce mardi la suspension du Nord Stream 2, un gazoduc reliant la Russie à l'Allemagne via un tube de 1230 kilomètres sous la mer Baltique d'une capacité de 55 milliards de m3 de gaz par an.
L'annonce allemande a suscité une réaction goguenarde de l'ancien président russe Dmitri Medvedev:
"Bienvenue dans un monde nouveau, où les Européens vont bientôt payer 2000 euros pour 1000 M3 de gaz", une somme potentiellement colossale pour l'Allemagne, qui a importé en 2020 à elle seule 56,3 milliards de m3 de gaz russe, soit 55% de ses besoins en gaz.
Les prix du gaz en Europe atteignent déjà des niveaux records depuis plusieurs mois sur fond de tensions géopolitiques et de forte demande mondiale dans un contexte de reprise économique.
Un projet qui divise
Durant plusieurs années, le projet a opposé les Etats-Unis et l'Allemagne, principal promoteur du projet, mais aussi les Européens entre eux, ainsi que la Russie et l'Ukraine. Il était censé doubler l'apport en gaz russe à l'Allemagne, qui a cependant prudemment commencé à diversifier ces dernières années ses sources d'approvisionnement.
Promu par le géant russe Gazprom, le projet, estimé à plus de 10 milliards d'euros, a été cofinancé par cinq groupes européens du secteur de l'énergie (OMV, Engie, Wintershall Dea, Uniper et Shell). L'Allemagne est au sein de l'UE le principal promoteur du gazoduc, qui, selon elle, l'aidera à accomplir la transition énergétique dans laquelle elle s'est engagée. Tout en faisant de son territoire un hub gazier européen. Mais les opposants au projet ont été nombreux.
L'Ukraine au premier chef craignait de perdre les revenus qu'elle tire du transit du gaz russe et d'être plus vulnérable vis-à-vis de Moscou. Son chef de la diplomatie s'est félicité de la suspension, "politiquement et moralement justifiée". Les Etats-Unis sont, eux, depuis le début vent debout contre un aménagement qui risquait d'affaiblir économiquement et stratégiquement l'Ukraine, d'augmenter la dépendance de l'UE au gaz russe et de dissuader les Européens d'acheter le gaz de schiste que les Américains espèrent leur vendre.
Les Européens sont, eux, divisés, la Pologne ou les pays Baltes s'inquiétant de voir l'UE plier devant les ambitions russes. Même en Allemagne, Nord Stream 2 n'a jamais fait l'unanimité: les Verts s'y sont longtemps opposés, avant de mettre de l'eau dans leur vin depuis leur entrée au gouvernement.