En colère contre la hausse des impôts, les patrons français peuvent-ils faire le choix de la délocalisation?

Bernard Arnault est-il parti en guerre contre le gouvernement? Alors que le patron du numéro 1 mondial du luxe ne se mêle généralement pas trop de politique, mardi 28 janvier, il a choisi la publication des résultats de LVMH pour s'exprimer.
Il a comparé la politique du nouveau président des États-Unis Donald Trump -qui veut baisser les impôts sur les sociétés et les États qui subventionnent les installations d’ateliers- avec celle de la France qui s’apprête selon ses mots à "taxer le made in France". Une aberration totale selon lui.
"Pour pousser à la délocalisation, c'est idéal!", a-t-il ironisé.
La porte-parole du gouvernement Sophie Primas s'est à son tour exprimé ce 29 janvier, indiquant "comprendre sa colère, mais que tout le monde devait faire un effort".
Sans majorité et sous la menace d'une censure, le gouvernement demande donc en priorité aux riches (les particuliers, mais aussi les entreprises) de participer à l’effort fiscal avec cette surtaxe de 40% de l'IS, impôt sur les sociétés, pour les entreprises qui font plus de 3 milliards d'euros de chiffre d'affaires.
Et le secteur du luxe sera forcément mis à contribution. D'abord, il fabrique des produits pour les riches, il pratique ensuite des marges très élevées et enfin, il produit en France.
Résultat, LVMH devra payer 800 millions d'euros en plus, Hermès verra la facture s'alourdir de 300 millions supplémentaires et L'Oréal de 250 millions d'euros.

LVMH pourrait délocaliser sa production?
Alors, le géant français du luxe pourrait-il faire le choix -pour échapper à cette fiscalité- de délocaliser sa production? Non, si on pense que les acheteurs de produits de luxe sont aussi à la recherche de l'excellence française. Mais est-ce vraiment le cas? Ils s'offrent d'abord un produit d’une marque à laquelle ils font confiance, peu importe où il a été produit... D'ailleurs, les marques de luxes françaises produisent déjà certaines pièces à l'étranger (Italie, Portugal...). Dans d'autres secteurs, l'automobile par exemple, les clients de Volkswagen sont peu à se demander si leur voiture sort d'une usine allemande, slovaque, espagnole, portugaise ou polonaise.
D’ailleurs, LVMH fabrique essentiellement en France, mais a déjà commencé à ouvrir des ateliers aux États-Unis, au Texas, depuis 2019. Le groupe possède 18 ateliers en France et trois aux Etats-Unis.
En dehors du luxe, certaines entreprises sont encore moins sensibles à cette question du "Made in France". D’ailleurs, les délocalisations n’ont pas cessé ces dernières années malgré la politique "pro business" des gouvernements précédents.
Selon des données de l'Insee, entre 2018 et 2020, 1,7% des entreprises françaises de plus de 50 salariés ont fait le choix de la délocalisation. En parallèle, seulement 1,2% ont ramené en France une part de leur production. Le signe que l'équilibre reste fragile, et ce, malgré les baisses d’impôts des années précédentes.
