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Émeutes, JO 2024: le secteur de la sécurité privée face aux pénuries de main-d'œuvre

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Les nuits d'émeutes ont fait exploser la demande en agent de sécurité privée. En proie à une pénurie de main-d'œuvre structurelle, le secteur peine à répondre aux besoins, et s'inquiète à un an des Jeux Olympiques.

Du jamais vu en 30 ans selon un représentant du secteur: les nuits d'émeutes ont fait exploser les besoins en agents de sécurité privée. Les entreprises de sûreté doivent refuser un nombre important de propositions depuis une semaine, faute de personnel. Ce qui n'est pas nouveau dans ce secteur où la pénurie de main-d'œuvre est désormais structurelle.

Deux facteurs clés ont aggravé les tensions ces derniers mois selon Sofiane Aboubeker, le président de l'association des métiers de la sécurité privé (ADMS). D'abord le Covid-19, qui comme dans d'autres secteurs, a provoqué une vague de réorientation vers d'autres métiers.

Loi sécurité globale: "le coup de grâce"

Mais depuis 2021, les difficultés de recrutement s'accumulent particulièrement. "La loi sécurité globale, c'est un petit coup de grâce pour nos métiers, explique le président de l'ADMS. Un immigré ne peut plus rentrer dans nos métiers car il lui faut 5 ans de titre de séjour".

Un coup dur pour le secteur. Selon le représentant, les travailleurs immigrés représentaient jusqu'alors près de 60% des salariés de la sécurité privée. En conséquence, 30 à 40.000 emplois n'arrivent pas à être pourvus aujourd'hui, et ce, sans compter les nouveaux besoins créés par les Jeux Olympiques.

Paris 2024: l'équation impossible

Rien que pour Paris 2024, Pôle Emploi est chargé de recruter et former 15.000 agents d'ici au mois d'avril. Mais le dernier décompte, confirmé par l'établissement de recrutement à BFM Business, fait état de 4700 recrues soit moins d'un tiers du volume attendu dans moins d'un an.

Pour Sofiane Aboubeker, les besoins sont encore plus importants. "C'est 30 ou 40.000 emplois (rien que pour les JO) qui vont s'ajouter aux 30 ou 40.000 déjà déficitaires". Un problème mécanique difficile à résoudre. "80.000 personnes à recruter en 12 mois, c'est du jamais-vu", ajoute-t-il.

Flexibilité sur les formations

Pour faciliter les embauches ces prochaines semaines, l'association des métiers de la sécurité privée appelle donc à plus de flexilibité sur les formations, notamment pour attirer les étudiants. Elle veut les réduire à 40 heures, 100% en distanciel, contre plusieurs semaines en présentiel actuellement.

À plus long terme, le secteur veut aussi retravailler son image. "Le secteur de la sécurité privée est méconnu car il est assez récent", admet le président de l'Association. Plus de communication pourrait donc être une clef pour combler son déficit d'attractivité.

Léo Dumas