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Des ouvriers chinois exploités en Italie dans des "conditions en dessous du minimum éthique": une filiale de LVMH sous "administration judiciaire" à Milan

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Loro Piana est accusée d'avoir "facilité par négligence" l'exploitation d'ouvriers chez des sous-traitants, ont annoncé lundi les carabiniers.

La maison de mode italienne Loro Piana, propriété du géant français du luxe LVMH, a été placée sous "administration judiciaire" en Italie pour avoir "facilité par négligence" l'exploitation d'ouvriers chez des sous-traitants, ont annoncé lundi les carabiniers.

Dans un communiqué, les carabiniers du service de défense des conditions de travail disent avoir "exécuté un décret d'administration judiciaire du tribunal de Milan" contre cette maison, réputée pour ses vêtements en cachemire, jugée "incapable d'empêcher et d'endiguer des phénomènes d'exploitation de main-d'oeuvre dans le cadre de la production" de ses collections.

Loro Piana est accusée de "ne pas avoir mis en place les mesures adéquates pour vérifier les conditions réelles de travail (...) des sociétés sous-traitantes".

Les juges du tribunal de Milan estiment que la direction de Loro Piana a "facilité par négligence" l'exploitation de main-d'oeuvre, à cause d'une "carence généralisée de modèles d'organisations et d'un système d'audit interne défaillant".

Ouvriers chinois

Selon les enquêteurs, la maison confiait la confection de vêtements à une société dépourvue de toute capacité productive, laquelle recourait elle-même à une autre société, qui à son tour faisait appel à des ateliers employant des ouvriers chinois en Italie pour faire baisser ses coûts.

Dans ces ateliers étaient exploités des ouvriers en situation irrégulière sans respecter le législation sur la santé et la sécurité sur le lieu de travail, notamment pour "les salaires, les horaires de travail, les pauses et les vacances".

L'enquête a débuté en mai dernier après la plainte d'un ouvrier chinois passé à tabac par son patron parce qu'il réclamait le paiement de ses arriérés de salaires.

Les carabiniers ont constaté que des ouvriers étaient logés dans des "dortoirs construits abusivement et dans des conditions hygiéniques et sanitaires en dessous du minimum éthique".

Deux ressortissants chinois propriétaires d'ateliers ont été déférés devant la justice pour exploitation de main-d'oeuvre, ainsi que deux Italiens pour violations des normes sur la santé et la sécurité sur le lieu de travail. Sept ouvriers dépourvus de titres de séjours ont aussi été renvoyés devant la justice.

Le tribunal a aussi infligé des amendes d'un montant de plus de 181.000 euros et des sanctions administratives de plus de 59.750 euros.

Les activités de deux ateliers chinois ont en outre été suspendues "pour violations graves en matière de sécurité et recours au travail au noir".

Armani également épinglé

Loro Piana avait été acheté par LVMH en 2013. L'actuel président de la société est Antoine Arnault, fils aîné de Bernard Arnault, patron de LVMH, dont un autre fils, Frédéric, est directeur général de cette filiale italienne.

Plusieurs prestigieuses maisons de mode, dont Armani, ont déjà été épinglées par la justice italienne dans des affaires similaires.

L'autorité italienne de la concurrence a ainsi contraint en mai la marque de luxe Dior, appartenant également à LVMH, à verser deux millions d'euros d'aide aux "victimes d'exploitation" dans le cadre d'une enquête sur les conditions de travail de ses sous-traitants.

Dans un communiqué parvenu lundi soir à l'AFP, Loro Piana affirme ne pas avoir été au courant des activités de son sous-traitant et quand la socoiété a été informée, le 20 mai dernier, "elle a interrompu tout rapport avec le fournisseur concerné en moins de 24 heures"

"Loro Piana condamne fermement toute pratique illégale et réitère son engagement continu dans la protection des droits humains", selon la même source.

OC avec AFP