Des enfants utilisés pour cueillir les noisettes du Nutella et des Ferrero Rocher?

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En juin 2019, le groupe Ferrero vantait dans un communiqué son engagement dans la lutte contre le travail des enfants. Six mois plus tard, le journal britannique The Guardian a révélé que l’entreprise ne pouvait ignorer que des enfants sont employés par certains de ses fournisseurs. Le quotidien a été en fait sollicité par plusieurs associations ayant elles-mêmes mené une enquête sur les conditions de travail au sein des entreprises agricoles turques assurant la culture et la récolte des noisettes utilisées par le géant italien qui achète 30% de la production mondiale de noisettes, dont 65% en Turquie.
La polémique a été initiée par une vidéo réalisée par le Centre pour les droits des enfants de Turquie. On y voit des jeunes de onze ans travaillant dans des fermes produisant des noisettes entrant dans la fabrication du Nutella, des Kinder Bueno ou des Ferrero Rocher. Après enquête, We Move. EU (Bougeons l’Europe), mouvement citoyen luttant pour une plus grande justice sociale et économique en Europe, affirme que deux producteurs de noisettes en Turquie ont confirmé le fait qu'ils embauchaient des enfants car ils ne sont pas en mesure de trouver des travailleurs adultes pour travailler dans leurs fermes. Ces mêmes agriculteurs affirment que leurs noisettes sont achetées par Ferrero, "comme 99% des noisettes de la région". L’association indique aussi avoir pu retrouver l'une des fermes qui emploient des enfants.
En réaction à cet article, Ferrero a reconnu le problème et dit être entré en relation avec "les fournisseurs et partenaires locaux pour vérifier les conditions de travail au filtre de son "Code de conduite" mis en place avec tous les fournisseurs".
"La situation va être examinée et les décisions nécessaires seront prises en fonction des résultats de cette enquête", explique le groupe dans un communiqué. Ferrero souligne que "la complexité de la chaîne d'approvisionnement des noisettes signifie qu'elle ne peut pas être transformée par un seul acteur". Ferrero avoue d'ailleurs tracer seulement 49% de ses noisettes achetées actuellement mais viser une traçabilité à 100% d’ici à 2020.
Un juste prix
Pour We Move EU, tout est une question de prix d'achat des noisettes. "Nous vous exhortons à contribuer à avoir les noisettes en Turquie à un prix équitable, à garantir aux travailleurs adultes un revenu salarial viable et à arrêter immédiatement le travail des enfants!", indiquent-ils dans une pétition qu'ils viennent de lancer.
Si Ferrero payait à un prix équitable les noisettes, cela permettrait de réduire drastiquement le problème. "Les enfants travaillent de longues heures pour un faible salaire dans des conditions souvent dangereuses et beaucoup sont contraints d'abandonner l'école. Parce que les salaires sont si bas, il est courant que les travailleurs des noisettes amènent leurs enfants travailler avec eux à la ferme. Sinon, ils n'auraient pas les moyens de se payer un logement ou d'autres dépenses nécessaires pour se rendre aux fermes".
Ferrero assure de son côté que les prix et spécificités de marché sont établis par le Turkish Grain Board (Toprak Mahsulleri Ofisi). Le groupe insiste sur le fait que les prix ont "significativement augmenté cette saison" et qu'il "s’est engagé à suivre cette évolution".