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Défense

Utilisé contre l'Iran fin juin et d'une portée maximale de 1.600 kilomètres: c'est quoi le missile Tomahawk que les États-Unis pourraient fournir à l'Ukraine?

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Les États-Unis vont donner des renseignements à l'armée ukrainienne pour l'aider à frapper des installations énergétiques russes. La Maison Blanche étudie également la possibilité de fournir des missiles longue portée Tomahawk pour contraindre Vladimir Poutine à négocier.

Les frappes ukrainiennes contre les raffineries russes devraient s'intensifier. Alors que les États-Unis étudient la possibilité de livrer des missiles longue portée "Tomahawk" à l'Ukraine, ils ont également accepté de fournir des renseignements sur des cibles d'infrastructures énergétiques, rapporte Reuters ce jeudi 2 octobre. L'agence y voit le premier changement de politique significatif de Donald Trump depuis qu'il semble durcir sa position à l'égard de Vladimir Poutine.

Combinés aux renseignements américains, les missiles "Tomahawk" pourraient nettement accroître les capacités de frappe de l'armée ukrainienne. Ces derniers ont une portée maximale de 1.600 km, cinq fois plus que les autres missiles de croisière livrés à l'Ukraine, comme le "Scalp" français. Le "Tomahawk" a notamment été utilisé par l'armée américaine pour frapper certaines installations nucléaires en Iran fin juin.

Lors de sa dernière rencontre avec Volodymyr Zelensky, Donald Trump a précisé qu'il était ouvert à la livraison de cet armement, sans pour autant donner son feu vert à ce stade.

"Nous en avons besoin, mais cela ne signifie pas que nous l'utiliserons. Car si nous l'obtenons, je pense que cela exercera une pression supplémentaire sur Poutine pour qu'il prenne la parole", a estimé le président ukrainien auprès du média américain Axios fin septembre.

La France a livré des missiles de croisière "Scalp" à l'Ukraine l'an passé. De son côté, l'Ukraine a développé son propre missile longue portée, le "Flamingo". Elle a revendiqué un premier tir réussi, fin août en Crimée, contre un bâtiment utilisé par le renseignement russe.

Intensification des frappes

Ces dernières semaines, l'armée ukrainienne multiplie les raids de drones contre des raffineries de pétrole, parfois très loin sur le territoire russe, espérant ainsi siphonner les finances de Moscou. La production d'essence a chuté d'un million de tonnes en septembre après l'arrêt total ou partiel de six raffineries, rapporte le Moscow Times, un journal russophone installé aux Pays-Bas depuis 2022, si bien que des restrictions sont imposées dans certaines régions comme la Crimée, annexée en 2014.

Selon le média russe Kommersant, la Russie manque de 400.000 tonnes d'essence, soit 20% de l'approvisionnement mensuel standard. Les prix du carburant ont nettement augmenté, alors que les exportations d'essence sont interdites et que des restrictions sont désormais imposées pour le diesel. Le Kremlin explique ces pénuries par "des maintenances programmées des raffineries de pétrole".

Parallèlement, l'économie de guerre russe montre de très nets signes de ralentissement. Cela pèse de plus en plus lourdement sur l'effort de guerre, qui a longtemps été soutenu par la hausse du prix des exportations d'hydrocarbures. Or, les cours ont depuis baissé et les exportations sont contraintes par les sanctions occidentales. Le gouvernement a récemment proposé d'augmenter la TVA, de 20 à 22%, ce qui reviendrait à faire porter davantage le financement de l'effort de guerre par la population.

Dans le même temps, le New York Times note que les dépenses militaires russes devraient diminuer pour la première fois l'an prochain. Le Kremlin est "contraint de chercher des moyens de stabiliser son budget", selon Sergueï Souverov, analyste dans un cabinet de conseil en investissement moscovite, cité par le quotidien new-yorkais. Le budget de l'armée russe est toutefois trois plus important que celui de l'armée ukrainienne.

Pierre Lann (avec Reuters)