Une manœuvre digne de "Top Gun": un Rafale français "abat" virtuellement un F-35 américain lors d'un exercice de l'Otan

C'est une victoire par KO pour le Rafale. Engagé dans un entraînement international organisé par l'Otan dans le ciel finlandais, un avion de l'Armée de l'air et de l'espace a mené un combat aérien rapproché, communément appelé "dogfight", contre un F-35 de l'US Air Force. Une manœuvre d'exercice qui s'est soldée par la victoire du Rafale, qui a réussi à verrouiller sa cible dans son viseur, équivalent à une cible abattue en combat réel.
Engagés dans l'exercice Atlantic Trident 2025, qui s'est tenu en Finlande au mois de juin et qui a mobilisé les armées de l'air française, américaine et britannique, les pilotes français ont pu s'entraîner à des manœuvres aériennes –et donc notamment de combat aérien– qui simulaient "des conflits modernes dits de 'haute intensité'", les plus réalistes possibles, explique l'Armée de l'air et de l'espace dans une vidéo de présentation.
Un ex-pilote de Rafale explique à BFM Business que "ce combat est une illustration d'un domaine de vol très particulier: le combat au canon, à très courte portée".
Ce qui a d'ailleurs permis de mettre en avant les très bonnes performances des commandes de vol de l'avion de Dassault Aviation, dixit ce pilote.
Le combat à vue reste d'actualité
L'intérêt de réaliser un "dogfight", un entraînement de combat à vue, c'est de "connaître l'avion parfaitement", explique dans la vidéo la commandant Mathilde, pilote de Rafale et engagée dans l'exercice.
Si le combat aérien rapproché est rare à l'heure actuelle, c'est entre autres en raison des capacités de longue portée des équipements de détection et d'armement. On voit plus loin et on tire de plus loin, sans avoir forcément besoin de s'approcher "à portée de vue". Mais il ne disparaît pas pour autant des techniques de pilotage qui sont enseignées aux pilotes.
"On estime que potentiellement, dans des conflits de haute intensité, des facteurs externes tels que le brouillage ne permettraient pas d'utiliser de l'armement sur la longue distance et nous pourrions probablement être amenés à rencontrer des forces adverses en combat à vue", précise la commandant Mathilde.
Un autre pilote de chasse cite à BFM Business deux exemples dans lesquels le "dogfight" peut être utile: lorsque le pilote est surpris par l'arrivée d'un autre avion de combat à courte distance, ou alors lorsque deux forces se "côtoient" sur un théâtre d'opérations, sans engager de combat, mais sans être alliés.
Identifier et intercepter
C'est par exemple ce qui s'est passé au-dessus de la Syrie il y a quelques années: des avions de chasse français et américains volaient dans le même espace aérien que des avions russes. L'état-major des armées a révélé en juillet 2023 que deux Rafale français en patrouille à la frontière irako-syrienne ont "réagi à une interaction non-professionnelle de la part d'un Su-35 russe" –en clair, le Sukhoï s'est approché très près des Rafale français– ce qui a amené les pilotes à manœuvrer "pour maîtriser le risque d'accident".
L'ancien pilote de Rafale confirme que ce type d'engagement ne fait pas partie du passé.
"Si les règles d'engagement (normes juridiques, NDLR) nécessitent une identification visuelle de l'adversaire, il faut alors se rapprocher, et donc se mettre dans ce type de situation."
C'est par exemple le cas dans les missions de police du ciel: des avions de chasse vont systématiquement décoller pour aller au contact d'un aéronef non-identifié au-dessus de l'espace aérien français, soit pour l'identifier, lui porter assistance, le contraindre à se dérouter ou à atterrir, voire l'avertir par un tir de semonce. Ils peuvent aller jusqu'à le détruire s'il est classé comme "menace hostile".
Lors de l'exercice Atlantic Trident, les Rafale français ont réalisé un total de 70 sorties aériennes. Interrogé par l'Armée de l'air et de l'espace, un des pilotes américains a d'ailleurs salué les performances de l'avion de combat français: "dans l'ensemble, je suis très impressionné par les Rafale et leurs compétences".