Ukraine: sur le front, des drones cracheurs de métal en fusion provoquent l'effroi

(Capture d'écran 108e Brigade de Défense Territoriale) - Capture d'écran 108e Brigade de Défense Territoriale
Depuis quelques jours, des vidéos de la guerre en Ukraine provoquent l'effroi. On y voit un bosquet d'arbres réduit en cendres par un drone crachant des flammes. Ces drones transportent des bonbonnes remplies de thermite pour projeter un flux continu de ce produit. Une nouveauté que les militaires ukrainiens et russes se disputent sur le réseau social Telegram.
Selon, le site Defense Express, la vidéo a été réalisée par "un opérateur de drone de l'unité de drones d'assaut No Chance, qui appartient à la 108e brigade indépendante des forces de défense territoriale". L'opération se serait déroulée au nord du village d'Ukrainske, région de Zaporijia.
Comme le note un article publié par Kyiv Independent, les deux armées "revendiquent la paternité de cette terrifiante innovation en matière de drone". Il s'agit de créer un choc psychologique pour épouvanter l'adversaire et le faire fuir à l'approche d'un drone.
Un métal en fusion à 2.500 degrés Celsius
Le qualificatif "terrifiant" n'est pas exagéré. Le thermite est un produit composé d'un mélange de poudre d'aluminium et d'oxydant qui est projeté sur les zones à détruire. Comme avec le phosphore blanc utilisé par l'armée russe en Ukraine, tout s'enflamme à son contact sans possibilité d'éteindre ce feu. Même dans l'eau, le thermite continue de brûler.
"Lorsqu'il s'enflamme, une réaction exothermique auto-entretenue se produit créant du métal en fusion à une température de 4.500 °F (2.500 °C)", indique l'Osint Uri Kikaski.
À titre de comparaison, la lave en fusion atteint une température deux fois moins élevée. La chaleur de la thermite est telle qu'elle fait fondre jusqu'au blindage des chars.
L'usage du thermite n'est pas une première. Ce produit incendiaire a déjà été utilisé par l'armée ukrainienne en janvier 2024, mais sous forme de mini bombes larguées par drones sur des véhicules blindés. Mais c'est la première fois que des vidéos montrent que ce produit peut être projeté par un drone en mouvement brûlant tout sur son passage.
Ces drones cracheur de feu sont du niveau des bombes thermobariques utilisées par les Russes. Ces ogives contiennent une poudre qui s'enflamme au contact de l'air en aspirant dans un large périmètre l'oxygène partout où il y en a, même dans le corps humain. La température monte alors à près de 3.000 °C. Rien n'y survit.
Les troupes prises sous ce feu n'ont aucune chance de s'en sortir indemne. Même s'ils sont à distance, les fumées toxiques provoquent "une inflammation des voies respiratoires, une infection, une déshydratation extrême et une défaillance d'organes (...) au moment de l’attaque, dans les semaines, les mois, voire les années qui suivent", selon un rapport d'Human Rights Watch (HRW) sur les armes incendiaires qui évoque aussi les traumatismes psychologiques.
Limiter l'emploi des armes incendiaires
L'usage de ces armes est encadré par le Protocole III de la convention des Nations Unies sur l'interdiction ou la limitation de l'emploi de certaines armes. Mais pour HRW, ce texte comporte "deux lacunes qui ont miné son efficacité".
D'abord le Protocole III "exclut la plupart des munitions incendiaires polyvalentes". Il n'englobe pas les munitions, telles que celles au phosphore blanc, qui sont "principalement conçues pour créer des écrans de fumée ou signaler des troupes, mais qui ont les mêmes effets incendiaires cruels".
Par ailleurs, ce texte interdit l’utilisation d’armes incendiaires larguées par voie aérienne dans des zones où se trouvent des civils, mais comporte des réserves sur celle lancées depuis le sol. "Cette distinction arbitraire ne tient pas compte du fait que les armes incendiaires provoquent des brûlures horribles et des incendies destructeurs, quel que soit leur mode de lancement", déplore un rapport d'HRW.
