Porte-avions: comment s'appellera le successeur du Charles de Gaulle?

Le président Emmanuel Macron à bord du porte-avions Charles-de-Gaulles le 19 décembre 2022 - Ludovic MARIN © 2019 AFP
La LPM 2024-2030 qui lancera budgétairement le PANG (porte-avions de nouvelle génération) qui succédera au Charles-de-Gaulle n'est pas encore votée, mais déjà, les réflexions sur son nom ont été lancées. Ce coup d'envoi a été donné à l'Assemblée nationale durant les discussions sur le budget des armées.
Le ministre des Armées a demandé au Service historique de la Défense (SHD) qui recueille et tri pour faire des propositions aux trois autorités militaires, chef de l'Etat, chef d'Etat Major des Armées et ministre des Armées, d'être innovant.
Sébastien Lecornu voudrait "faire émerger des noms un peu différents, compte tenu de notre histoire".
On pourrait comprendre qu'il faudra aller chercher ailleurs que dans l'histoire des armées (soldats ou batailles) ou chez ceux qui ont dirigé le pays. La France a disposé de huit porte-avions: le Bapeaume (1920-1936), le Béarn (1928-1945), l'Arromanches (1948-1974), le La Fayette (1951-1963), le Bois Belleau (1953-1960), le Clémenceau (1961-1997), le Foch (1963-2000) et le Charles de Gaulle toujours en service.
"Seuls les trois derniers d'entre eux ont été réalisés en France et conçus d'emblée comme des porte-avions", précise l'Etat-major de la Marine sur son site.
Une femme aviatrice?
Qu'à cela ne tienne, le groupe LFI-NUPES a déposé un "amendement d’appel" pour proposer d'appeler le PANG "Marie Marvingt". Héroïne de la 1ère Guerre Mondiale, elle a été aviatrice, inventrice, journaliste et a réalisé des exploits sportifs. Son nom vient d'ailleurs d'être donné au stade du Mans (Sarthe).
Recalée par l'armée de l'Air pour devenir pilote de la "grande guerre" comme Georges Guynemer, René Fonck ou Charles Nungesser, elle va tout de même au front comme infirmière.
"C'est la femme la plus décorée de France à sa mort en 1963", rappelle l'amendement.
Cette proposition sera-t-elle retenue par le SHD? Sébastien Lecornu va retenir cette proposition, mais a noté que "le porte-avions est un bateau" et qu'il faudrait "regarder s’il n’y a pas des femmes dans la marine". En effet, l'Etat major de la Marine devrait légitimement avoir son mot à dire sur ces questions d’onomastique navale.
Il faudra que le nom ne soit ni clivant, ni polémique et qu'il n'ait pas déjà été donné à un navire qui ait connu un funeste destin. La députée européenne Nathalie Loiseau s'est tentée à l'exercice sur Twitter en proposant "Liberté".
L'historien naval Nicolas Mioque, a vite répondu via son compte "Trois_Ponts": "Comme le cuirassé Liberté qui explosa accidentellement à Toulon en 1911. Près de 300 morts".
Rendre justice à Richelieu?
Le nom de Richelieu revient souvent sur les réseaux sociaux. Et pour cause, c'est le nom qui avait été prévu pour le Charles de Gaulle en 1986, mais Jacques Chirac l'a rebaptisé quelques mois plus tard pour rendre hommage au Général. Preuve qu'un choix présidentiel, à l'époque François Mitterrand, peut-être remis en question par un Premier ministre nouvellement nommé.
Avec le PANG, les honneurs seront-ils enfin rendus au "Grand maître et surintendant de la Navigation" de Louis XIII? Pas si sûr puisque Sébastien Lecornu demande de "faire émerger des noms un peu différents". Mais aussi, comme le rappelle Le Figaro, cette proposition avait été faite en 2017 par Marine Le Pen, alors candidate à l'élection présidentielle. Ce choix pourrait ainsi être considéré comme "clivant". Richelieu n'aura donc droit qu'à deux navires, une frégate en 1868 et un patrouilleur en 1919.
Deux noms?
Sur Twitter, les autres propositions sont nombreuses. En plus de Richelieu, Napoléon revient souvent. Ce personnage n'est pas apprécié dans le monde, mais surtout les Anglais s'empresseraient de rappeler Trafalgar.
Le travail de tri du SHD ne sera pas simple, d'autant qu'il pourrait y avoir deux porte-avions. La semaine dernière, trois amendements de Jean-Charles Larsonneur (Horizon), Anne Gennetet (Renaissance) et Fabien Lainé (Modem) ont été adoptés pour étudier la possibilité de lancer les études avant 2028 pour un second programme pour plus de disponibilités et réaliser des économies d'échelle.
"La question de l’ambition du retour à la permanence d’alerte s’inscrit dans le temps long. En effet, la conception et la réalisation d’un porte-avions comme le PA-Ng s’étale sur près de 20 ans, imposant pour lancer la réalisation d’un second exemplaire", justifie l'amendement de Jean-Charles Larsonneur.
Dans un amendement rejeté, la députée PS Anna Pic rappelait qu'"il y a encore quelques décennies, la Marine nationale comptait trois porte-avions: le Foch et le Clemenceau côtoyaient l’Arromanches".
